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Liberté inattendue au Soudan

Marie-Ange Pioerron5 avril 2013

Le Soudan est parmi les principaux sujets d'intérêt, depuis l'annonce par le président El Béchir d'une amnistie. Ce sont tous les prisonniers politiques qui devraient être libérés.

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Prisonniers politiques libérés à KhartoumImage : Reuters

"Une liberté inattendue", titre la Süddeutsche Zeitung. Lorsqu'un despote africain, écrit le journal, proclame que son pays a besoin de "sang frais" cela engendre des associations d'idées pas seulement positives. Dans le cas présent pourtant, la formulation était sans doute bien intentionnée: le président Omar El Béchir a annoncé récemment qu'il ne serait pas candidat à l'élection présidentielle de 2015. Au début de cette semaine il a suscité d'autres espoirs en annonçant la libération de tous les prisonniers politiques. On ignore poursuit le journal, quel calcul se cache derrière cette décision et comment elle se concrétisera. Mais le fait est que depuis mardi les sept premiers prisonniers politiques ont été libérés.

Grenzgebiet zwischen Sudan und Südsudan
Soldat soudanais près de la frontière avec le Soudan du sudImage : AFP/Getty Images

On ignore aussi, note de son côté la Frankfurter Allgemeine Zeitung, combien il y a de prisonniers politiques au Soudan. Quant à Omar El Béchir, écrit le journal, s'il renonce bien à briguer un nouveau mandat il entend préserver le pouvoir pour son parti national du congrès et transmettre la fonction présidentielle à son numéro deux, Ali Othmane Taha, qui passe pour un islamiste pur et dur. Mais depuis l'indépendance du Soudan du sud en 2011, le mécontentement gronde dans le nord, principalement pour des raisons économiques. Ces derniers mois il y a eu régulièrement à Khartoum des manifestations contre la dévaluation de la livre soudanaise. Les coupes budgétaires font que l'armée n'est plus en mesure de se battre sur deux fronts, au Darfour et à la frontière avec le Soudan du sud. La colère de la population, la coopération inattendue entre opposition civile et opposition armée ainsi que la grogne dans l'armée ont manifestement poussé le président El Béchir à lâcher du lest en promulguant une amnistie. Plus que tout, le président doit redouter que les révolutions dans le nord de l'Afrique ne s'étendent au Soudan.

Südafrika Trauerfeier für getötete Soldaten in der Zentralafrikanischen Republik
Hommage aux soldats sud-africains morts en RCAImage : AFP/Getty Images

Zuma sur la sellette à cause de la Centrafrique

Les louches affaires de l'ANC en Centrafrique - c'est en ces termes que die tageszeitung résume les révélations parues dans la presse sud-africaine sur les relations entre l'ancien président François Bozizé et des hommes d'affaires sud-africains proches de l'ANC. Les pertes subies par l'Afrique du sud à Bangui dans les combats contre les rebelles (ou ex-rebelles) de la Séléka - 13 morts selon les autorités sud-africaines, 35 selon la Séléka - sont les plus élevées pour une mission sud-africaine à l'étranger depuis la fin de l'apartheid. Elles alimentent la controverse. Officiellement 200 à 400 soldats sud-africains avaient été envoyés fin décembre et début janvier à Bangui pour y instruire l'armée centrafricaine. Ceci en vertu d'un accord bilatéral datant de 2007 et prolongé en 2012. Mais l'opposition sud-africaine reproche au gouvernement de Jacob Zuma de tromper l'opinion publique. L'aide militaire aurait avant tout servi à garantir un environnement sûr pour des affaires dans le secteur minier centrafricain, ajoute le journal, qui se réfère au grand hebdomadaire sud-africain Mail & Guardian.

Tuareg-Kämpfer Mali
Combattants touaregs au MaliImage : picture alliance / AP Photo

Echec de l'Etat malien

En Afrique de l'ouest, des soldats de l'Union européenne ont commencé la formation de près de 3 000 soldats maliens. Il s'agira surtout, lit-on dans la Süddeutsche Zeitung, de leur apprendre à combattre les rebelles et à protéger les civils. Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, ce n'est pas l'opération Serval qui a provoqué les conflits au Mali. Ce sont bien plutôt ces conflits qui ont rendu possible la prise du pouvoir dans le nord du pays par les groupes djihadistes Aqmi, Mujao et Ansar Dine. L'échec de l'Etat malien est considéré comme la cause principale de la scission du nord. La clé d'une solution politique durable est donc à Bamako souligne le journal. Le Mali est passé pendant longtemps pour une démocratie modèle. La réalité était toute autre. L'Etat national moderne, calqué sur le modèle français, n'a pas fonctionné. A l'indépendance du pays en 1960 les élites politiques du sud du pays ont remplacé la puissance coloniale française comme piliers de l'Etat. Leur option pour la laïcité leur a valu les applaudissements de l'Europe. Mais la nation qu'ils définissaient excluait de nombreux Maliens. Car les élites du sud ont fait coincider leurs ethnies avec la nation. Leur ethno-nationalisme a provoqué à son tour un ethno-régionalisme et renforcé l'aspiration de certains groupes à la scission du nord, ajoute le journal.

Kobaltmine in Katanga im Kongo
Mine de cobalt au Katanga, 2006Image : picture-alliance/dpa/Xinhua/Landov

Coup de semonce au Katanga

La volonté de scission est aussi récurrente dans le sud-est de la République démocratique du Congo, dans la province du Katanga. die tageszeitung titre sur "Le rêve d'un "Katanga libre" et relève que, dans la partie précisément la plus riche et la mieux organisée du pays, des miliciens aspirant à l'indépendance ont occupé la capitale provinciale, Lubumbashi. Ce fut un coup spectaculaire, écrit le journal: 250 miliciens ont marché le 23 mars sur Lubumbashi, sans rencontrer d'abord de résistance. Ces combattants des "Kata-Katanga" ont pénétré dans le centre ville, ont hissé leur drapeau et se sont battus avec l'armée. Bilan: 35 morts selon l'ONU. Les Kata Katanga se sont finalement rendus. 245 miliciens, dont 77 enfants, ont été transférés à Kinshasa. A présent, poursuit le journal, le Congo tout entier se demande qui se cache derrière les Kata Katanga. Et die taz ajoute que dans un rapport dont elle a pris connaissance, onze organisations de la société civile locale formulent de graves accusations contre deux vieux amis du président Kabila, originaires du Katanga. A commencer par l'ancien chef de la police John Numbi, limogé en 2010 pour son implication présumée dans l'assassinat du défenseur des droits de l'homme Floribert Chebeya, mais toujours très influent. Deux jours avant l'attaque il aurait hébergé dans sa ferme près de Lubumbashi des détenus "Kata Katanga" en fuite. Il aurait aussi fourni des armes et des munitions au chef des Kata Katanga, Ferdinand Kazadi. L'argent serait venu du gouverneur de la banque centrale congolaise Jean Masangu. Depuis des mois, poursuit le journal, le pouvoir central est soupçonné de renforcer des milices au Katanga pour affaiblir le très populaire gouverneur de la province, Moise Katumbi et pour avoir des raisons d'accroitre la main mise de l'Etat central sur les richesses minières de la région.