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Liberté de la presse en Russie?

Yann Durand9 octobre 2006

Trois journalistes assassinés en un week-end, cela fait beaucoup. Si les deux pigistes allemands de la Deutsche Welle l’ont été dans une zone de conflit, en revanche la russe Anna Politkovkaїa fut exécutée dans son immeuble et, du reste, dans un pays qui se veut démocratique. Etant donnée l’arrivée demain du Président russe Vladimir Poutine en Allemagne, c’est cette affaire qui fait la une des journaux allemands.

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Anna Politkovskaia en août 2005 lors d'une foire aux livres à Edimbourg
Anna Politkovskaia en août 2005 lors d'une foire aux livres à EdimbourgImage : picture-alliance / dpa

Elle était pourtant prévenue. Anna Politkovskaїa recevait des menaces de mort depuis longtemps, rappelle le quotidien Die Welt. Plusieurs collègues du journal Novїa Gazeta avaient déjà péri. A qui cette petite gazette vouée à l’expression de la vérité dans cette grande Russie souveraine fait-elle si peur, s’interroge le journal. Une question qui devrait être posée aussi à Vladimir Poutine. Car le meurtre constitue la pire forme d’oppression de la liberté de la presse.

La société russe ne souffre pas du trop d’influence des institutions étrangères, mais au contraire du manque d’encouragement à articuler ses intérêts. Ainsi de l’analyse de la Süddeutsche Zeitung. Rares sont les opportunités pour les pacifistes, organisations des droits de l’homme ou groupes écologiques de trouver un espace médiatique pour leur opinion. L’état russe ne doit pas l’accepter s’il veut vraiment être aussi fort que le président Poutine le propage remarque le quotidien, pour lequel la non édition dans son propre pays d’un livre de Politkovskaїa critiquant le Kremlin est caractéristique de l’actuelle culture politique. Les publicistes courageux aussi nécessitent le soutien des autorités et de la société. Le pays doit y travailler et l’occident épris de liberté le remémorer à Poutine. Sa visite en Allemagne en donne l’occasion.

Même son de cloche dans la Frankfurter Rundschau selon laquelle un pays où des esprits critiques décèdent de mort non naturelle n’est sûrement pas une démocratie sans tache. Qu’importe si les faits peuvent être imputés de près ou de loin à l’entourage directe ou non de Poutine. La façon dont Moscou agit en Tchétchénie ne respecte en tous cas pas la charte des droits de l’homme. « On ne peut pacifier ce foyer de crise par les armes », affirme le journal ; reprenant ainsi les propos du ministre allemand de l’intérieur Wolfgang Schäuble. Et de conclure que l’Allemagne doit certes malgré tout s’arranger avec la Russie, mais qu’un partenariat solide peut supporter la franchise.

La peur des représailles est ancrée en Russie constate une Tageszeitung de Berlin pathétique: Personne ne se mouille plus. On détourne le regard et tombe dans l’indifférence. Avec Politkovskaїa c’est l’autre Russie, la Russie morale qui est morte.