L'heure de la justice a sonné
27 mai 2011Pour die tageszeitung, après Oussama Ben Laden, Ratko Mladic était l'un des plus grands criminels de guerre recherché dans le monde. Il faut fêter la nouvelle, et la Serbie attend désormais sa récompense : une porte d'entrée vers un avenir tout rose au sein de l'Union européenne. Car, note le journal, actuellement, le chômage est élevé, les caisses de l'Etat sont vides, les citoyens sont en colère, mais leur président Boris Tadic leur offre de nouvelles perspectives en Europe. C'est un bon point pour la Serbie, conclut die taz, si l'on veut éviter que ne reviennent au pouvoir ceux qui considèrent toujours Ratko Mladic comme un héros.
Pour Die Welt, ce jeudi 26 mai 2011 est une date historique pour l'Europe, car un chapitre sombre de son histoire est en train de se clore. Le quotidien rappelle que l'Union européenne s'était montrée incapable de résoudre la guerre en ex-Yougoslavie en 1995, il avait fallu faire appel aux Etats-Unis. Aujourd'hui, la politique dite « soft-power » de Bruxelles fonctionne à merveille : conditionner une probable adhésion à l'Union européenne à la livraison des criminels de guerre à la justice internationale. Et ça marche, se félicite Die Welt.
La Frankfurter Allgemeine Zeitung se veut plus prudente. Ne nous réjouissons pas trop vite à propos d'une future adhésion de la Serbie à l'UE, car même si Belgrade a désormais la volonté politique d'en finir avec ce passé peu glorieux, il reste à régler la question du Kosovo. Cette ancienne province serbe a proclamé son indépendance en 2008, mais la Serbie refuse à ce jour de reconnaître cet Etat. La FAZ respecte le choix de Belgrade mais conclut qu'il faudra bien trouver une solution.
Enfin, la Süddeutsche Zeitung propose de faire du cas Ratko Mladic un modèle, à savoir : arrêter les criminels de guerre mais également empêcher en amont les génocides. A l'époque, rappelle le journal, l'aviation américaine était intervenue pour mettre fin à la guerre en 1995, peu de temps après le massacre de Srebrenica, où 8000 musulmans bosniaques avaient été assassinés sous le commandement de Ratko Mladic. La communauté internationale a retenu la leçon, comme on le voit avec la Libye : intervenir rapidement pour éviter le pire par la suite. Et c'est tant mieux, conclut le quotidien.
Auteur : Cécile Leclerc
Edition : Carine Debrabandère