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L’Europe aime les crises

2 novembre 2010

Le dernier Sommet des chefs d’état a révélé les profondes divisions sur le contrôle des déficits. En pleine austérité, le vieux débat sur la création d’un impôt européen est relancé.

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Le président de la Commission, José Manuel Barroso avec le président français Nicolas Sarkozy
Le président de la Commission, José Manuel Barroso avec le président français Nicolas SarkozyImage : AP

Le Sommet des chefs d’état qui s’est tenu jeudi et vendredi dernier à Bruxelles a donc été marqué par le retour en scène de la Dame de fer version Angela Merkel qui, une nouvelle fois, est venu à Bruxelles pour imposer ses vues sur la rigueur budgétaire. Pour Berlin, il fallait réformer le Traité de Lisbonne. Panique dans les autres capitales qui voyaient d’un mauvais œil la réforme d’un Traité dont l’encre est à peine sèche. Mais Angela Merkel a répété que seule une réforme peut mettre l'Europe à l'abri d'une nouvelle crise grecque.

Bruxelles a bien mis en place un fond de secours de 440 milliards d'euros. Or, celui-ci n'est valable que jusqu'en 2013. En effet, l'article 125 du Traité, dit clause de « non bail out », stipule que l'Europe cela ne signifie pas payer pour les dettes des voisins. C'est donc cet article que l'Allemagne veut aujourd'hui corriger car Berlin redoute d’être sans cela sanctionné par sa Cour constitutionnelle. Angela Merkel a finalement eu gain de cause : il y aura bien une réforme du Traité mais une « réforme limitée ». Reste à préciser ce que signifie une « réforme limitée ».

En revanche, c’est seulement une demi-victoire pour Angela Merkel qui a échoué dans sa tentative d'inscrire une autre modification : retirer le droit de vote au Conseil aux états qui laisseraient trop longtemps déraper leurs déficits. Demi-victoire ou demi-défaite : l’Europe c’est souvent une question d’interprétation.

Le texte du Traité de Lisbonne : la discussion sur sa réforme a animé le Sommet européen
Le texte du Traité de Lisbonne : la discussion sur sa réforme a animé le Sommet européenImage : dpa

« I want my money back »

La question de la rigueur budgétaire était donc l’invité vedette de ce Sommet. Les plans d’austérité se multiplient sans qu’on sache vraiment quelle est leur légitimité et surtout si cela ne va pas tuer la croissance déjà moribonde en Europe. Nous sommes en pleine discussion budgétaire au Parlement européen : pour le budget 2011 bien sûr mais aussi pour la nouvelle tranche budgétaire 2014-2020 qui commence à se préparer dès aujourd’hui.

Les Britanniques, déjà célèbres pour « I want my money back » – Rendez-moi mon argent – prononcé il y a plus de vingt ans par une certaine Margaret Thatcher, n’ont pas vraiment changé leur politique en deux décennies. Ainsi, David Cameron, le Premier ministre britannique, est-il arrivé à Bruxelles avec un message très clair : « Quand tous les pays européens – y compris la Grande-Bretagne – se serrent la ceinture, il serait tout à fait faux que les institutions européennes veuillent dépenser plus d’argent comme elles le proposent aujourd’hui ».

Le Premier ministre David Cameron a refusé que le budget communautaire soit augmenté
Le Premier ministre David Cameron a refusé que le budget communautaire soit augmentéImage : AP

Taper sur les institutions européennes c’est toujours bon politiquement, surtout quand on est Anglais. Même si on oublie au passage que le budget européen n’est pas, lui, contrairement à ceux de tous les états, en déficit puisque les déficits sont interdits par les Traités européens. Le budget européen est donc bien mieux géré que celui des états. L’ennui c’est qu’il dépend à 70% des contributions des états. Il n’y a pas assez de ressources propres et c’est pourquoi, en temps de crise, le Parlement européen a-t-il répondu deux choses à David Cameron. La première c’est que s’il veut faire faire des économies à l’Europe il n’a qu’à renoncer au Rabais britannique accordé en 1984 à Margaret Thatcher, une ristourne exceptionnelle qui fait que la Grande-Bretagne paye moins pour l’Europe que les autres.

La seconde c’est que le Parlement européen est sans doute d’accord avec le fait de proposer un budget qui stagne mais à condition de rouvrir le vieux débat sur un impôt européen qui rendrait Bruxelles plus autonome en matière de financement. Mais créer un impôt européen n’est-il pas politiquement dangereux alors que l’Europe n’est déjà pas très populaire auprès des opinions publiques ?

La réponse de l’eurodéputé Alain Lamassoure, président de la Commission du Budget au Parlement européen.

Le président chypriote turc, Dervis Eroglu, compte sur la manne des casinos pour relancer son économie
Le président chypriote turc, Dervis Eroglu, compte sur la manne des casinos pour relancer son économieImage : AP

Las Vegas de la Méditerranée

Pourquoi pas partir à Chypre pour aller jouer au Casino ? La partie nord de Chypre est occupée par la Turquie depuis 1974. L’île est donc divisée en deux. Au Sud : Chypre, habitée par une population grecque, est membre de l’Union européenne. Au Nord, la République turque autoproclamée de Chypre du Nord qui rêve de devenir le Las Vegas de la Méditerranée.

Le nouveau président mise sur la manne des casinos pour contourner les embargos économiques et développer ce petit territoire totalement isolé sur la scène internationale. Une quarantaine de casinos sont déjà installés et selon les chiffres du ministère du tourisme, l’industrie du jeu rapporterait près de quinze millions d’euros par an. D’importantes sommes d’argent transitent donc par ces casinos sur lesquels pèsent des soupçons de blanchiment d’argent.

Un reportage dans la partie nord de Chypre de notre correspondant Michel Picard.

Auteur : Jean-Michel Bos

Edition : Elisabeth Cadot