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Les Tornados au sommet du G8

Christophe LASCOMBES14 juin 2007

Les vols de reconnaissance des Tornados de la Bundeswehr au-dessus des manifestants pendant le sommet du G78 à Heiligendamm génèrent une vive aigreur au sein de la coalition gouvernementale. Pour la presse allemande de ce matin, au-delà du rase-mottes tactique, cette affaire relance la polémique sur la définition du rôle accordé par la Constitution aux forces armées allemandes.

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Voilà ce qu'ont dû voir les manifestants anti-mondialisation au sommet du G8 à Heiligendamm, lorsque les Tornados de la Bundeswehr ont fait du rase-mottes au-dessus de leurs têtes...
Voilà ce qu'ont dû voir les manifestants anti-mondialisation au sommet du G8 à Heiligendamm, lorsque les Tornados de la Bundeswehr ont fait du rase-mottes au-dessus de leurs têtes...Image : AP

La dernière fois qu’on a parlé de l’envoi de Tornados, c’était pour aider l’OTAN à chasser le taliban au fin fond de l’Afghanistan, rappelle le Kölner Stadt-Anzeiger. Les manifestants ne sont pas des talibans. Déjà, la fameuse clôture et les prélèvements d’échantillons d’odeur corporelle des opposants au sommet du G8 étaient des mesures discutables. Avec les Tornados, un nouveau seuil est franchi. Ici, Berlin a mis au placard ce principe de l’état de droit qui exige l’adéquation de la réponse aux risques.

Les Lübecker Nachrichten rappellent que la Constitution allemande prévoit sous le vocable « assistance administrative » le recours à la Bundeswehr sur le territoire national seulement en cas de catastrophe naturelle ou dans les cas d’urgence. Tout le monde sait que Wolgang Schäuble, le Ministre de l’Intérieur, et son collège de la Défense, Franz-Josef Jung, veulent supprimer cette réserve. C’est maintenant au Tribunal constitutionnel de dire si cette mission était légale.

Alors que les manifestants se sont distancés avec la plus grande clarté des actes de violence et des casseurs, qu’en est-il de la capacité d’autocritique des autorités, s’interroge la Frankfurter Rundschau. Les razzias effectuées au préalable n’ont-elles pas eu pour seul effet d’attiser les tensions ? Etait-il nécessaire d’enfermer les suspects dans des cages rappelant celles du camp de Guantanamo ?

D'accord, la Bundeswehr affirme que les appareils n’étaient pas armés et qu’ils n’ont photographié les manifestants, critique la Tageszeitung. Mais ne pas remarquer en donnant cet ordre de survoler les manifestants qu’il s’agissait d’une provocation, c’est de la stupidité. Par contre, le faire en toute connaissance de cause, c’est de l’arrogance. Outre une définition plus précise encore du rôle de la Bundeswehr dans le cadre de l’assistance administrative, il manque encore dans le droit allemand une interdiction expresse de recourir à la Bundeswehr dans le cadre des conflits de politique intérieure.

Certes, objecte la Süddeutsche Zeitung, les autorités ne sont pas responsables de ce que les mesures de sécurité deviennent toujours plus strictes. Entre-temps pourtant, les citoyens ont le sentiment que la prévention fait place à l’hystérie. L’Etat ne doit pas placer tous ses citoyens sous suspicion générale. Cela veut par contre dire aussi que ces mêmes citoyens doivent accepter que les risques ne puissent pas tous être éliminés, conclut le quotidien.