Les "six de la CPI"
17 décembre 2010Un référendum sur la corde raide
Au Soudan, la tension monte à l'approche du référendum d'autodétermination prévu le 9 janvier au Sud-Soudan. La presse allemande évoque même la crainte d'une nouvelle guerre suite à plusieurs bombardements. L'armée du Sud-Soudan est en tout cas en état d'alerte, constate la Süddeutsche Zeitung. Le Sud dénonce les provocations militaires du Nord et affirme avoir subi six bombardements la semaine dernière. En cette période surchauffée, écrit le journal, la quête de la vérité est difficile. Le chef adjoint de la mission de l'ONU au Soudan confirme quatre bombardements. Jusqu'à présent les forces militaires du Sud ont fait preuve de réserve. Et selon le colonel Panyang, de la SPLA, cité dans l'article, elles n'attendent pas grand chose des troupes de l'ONU si jamais la situation devait empirer. Notre confrère estime par ailleurs que, si le Sud-Soudan opte pour l'indépendance, le gouvernement de Juba sera confronté à une montée des tensions à l'intérieur même du Sud-Soudan. Les luttes régionales de pouvoir couvent depuis longtemps déjà dans la région. Et la méfiance reste grande à l'égard du Nord. L'on craint que le régime de Khartoum exploite et attise les divergences dans le Sud pour créer le chaos. Il est de fait incertain, souligne le journal, que les dirigeants du Nord puissent vraiment s'accommoder de l'indépendance du Sud.
Du pétrole, et après?
Le club des pays producteurs de pétrole vient d'accueillir un nouveau membre: c'est le Ghana. Le coup d'envoi à l'exploitation commerciale a été donné mercredi dernier par le président John Atta-Mills. Et la presse allemande s'en fait l'écho.Le pétrole source d'espoir mais aussi d'appréhensions selon la Tageszeitung. La production devrait rapporter l'an prochain à l'Etat ghanéen entre 160 et 300 millions d'euros. Mais pour les Ghanéens l'industrie pétrolière n'engendrera que 1 000 à 1 500 emplois directs, le pays ne disposant pas d'une main d'oeuvre qualifiée suffisamment nombreuse. Nul ne sait non plus, poursuit le journal, quel sera l'impact du boom pétrolier sur l'évolution du coût de la vie, ni si les recettes pétrolières seront investies dans des institutions publiques comme les écoles et les hôpitaux. Le gouvernement ghanéen, poursuit le journal, a certes fait preuve de sa bonne volonté par son projet de loi sur la gestion des revenus pétroliers. Le texte a été présenté et expliqué pendant plusieurs mois à la population. Le débat a tourné principalement autour de la part à réserver aux générations futures et de la part pouvant être utilisée dans le budget de l'Etat. Or la semaine passée le parlement a autorisé que les revenus pétroliers soient utilisés comme garanties de crédit. C'est un choc pour la société civile ghanéenne qui aime à rappeler au gouvernement le mauvais exemple du Nigéria, où la corruption, la pollution de l'environnement dans le delta du Niger et les activités rebelles dominent le secteur pétrolier.
Le quotidien Die Welt ne conteste pas les bonnes intentions du gouvernement ghanéen, mais craint qu'il ne soit trop lent. C'est ainsi que la plate-forme pétrolière, au large de la côte ghanéenne, n'est encore reliée à aucun oléoduc qui écoulerait le pétrole. Des firmes allemandes voulaient en assurer la construction, mais il n'y a toujours pas d'investisseur. Bref, conclut Die Welt: le Ghana possède un trésor mais n'est pas en mesure d'en profiter.
Le charme trompeur d'Asmara
Enfin un hebdomadaire allemand emmène ses lecteurs dans un pays d'Afrique qui n'est pas réputé pour ouvrir grand ses portes aux journalistes. C'est l'Erythrée.
Un journaliste de Die Zeit a fait partie d'une poignée de journalistes européens autorisés à entrer en Erythrée avec un visa d'affaires. Pourquoi un tel honneur? En une semaine de séjour à Asmara, la question ne sera pas élucidée. Peut-être pour faire connaitre à l'étranger, écrit notre confrère, l'un des orchestres les moins connus de la planète, les Asmara All Stars. Depuis son indépendance en 1993, l'Erythrée pratique une politique de repli sur soi. Mais lit-on plus loin sans doute est-ce l'impression d'une idylle précaire qui rend la capitale du plus jeune Etat indépendant d'Afrique si attrayante pour les visiteurs étrangers. On arrive avec dans la tête des images d'enfants affamés mais l'on découvre une culture urbaine nonchalante. On sait que l'on se trouve dans une dictature militaire, mais à 2350 mètres d'altitude, sous des palmiers toujours verts, on se sent comme dans une station thermale.
Auteur: Marie-Ange Pioerron
Edition: Fréjus Quenum
Prochaine Afro-Presse: le 8 janvier 2011. Bonnes fêtes à tous.