Les pauvres demandent des comptes
17 septembre 2010
A propos de ce sommet, l'hebdomadaire Die Zeit souligne que les chefs d'Etat et de gouvernement devront rendre compte aux pauvres. A cinq ans de la date butoir de 2015, l'humanité veut savoir ce qui a été fait, si les objectifs et les moyens de les atteindre sont encore les bons. Bien des choses dépendent des réponses à ces questions, poursuit le journal, notamment l'avenir même des Nations unies, et donc la valeur de la coopération multilatérale et des promesses politiques. La bonne nouvelle, écrit Die Zeit, est que les projets d'aide de l'ONU changent quand même le monde. Avec les milliards mobilisés au travers des objectifs du millénaire, des hommes ont été sauvés, guéris ou rassassiés. L'aide parvient aux pauvres lorsque le Nord finance les bons programmes et que le Sud fait la bonne politique. La mauvaise nouvelle est que, malgré toute cette aide, près d'un milliard d'êtres humains souffrent de sous-alimentation.
Prendre sa destinée en main
La visite d'un village du millénaire dans le sud du Rwanda, c'est ce que propose le Rheinische Merkur. L'endroit a été choisi par l'Agro-Action allemande pour y mener un projet de lutte contre la pauvreté. Il ne s'agit pas à proprement parler d'un village, mais d'une vallée qui compte 25 000 habitants, la vallée de Base-Kiryango. Le travail à accomplir était énorme: il fallait mettre des marais en culture, terrasser des pentes abruptes, capter des sources, construire des routes, des diguettes, des canaux d'irrigation. Dans un pays où la plupart des dix millions d'habitants n'ont jamais vu un bulldozer, écrit le journal, cela est surtout synonyme d'un dur labeur physique. Mais le pays ne manque pas de main d'oeuvre. A certains moments près de 15 000 personnes ont travaillé en même temps dans les marais ou sur les pentes. Les femmes étaient majoritaires, car avec le génocide de 1994 et les conséquences catastrophiques du sida, elles sont souvent seules pour nourrir leur famille. Au final, note le journal, ce sont 3 500 parcelles, de 1000 mètres carrés chacune, qui ont été aménagées. Chacune d'entre elles est cultivée par une famille. De plus il y a eu pour les travailleurs journaliers un salaire d'un euro par jour, soit beaucoup d'argent dans un pays où le revenu par habitant tourne autour de 500 dollars par an.
Une assurance par SMS
Autre exemple positif: celui du système d'assurance introduit pour les paysans au Kenya. Près de la moitié des Kenyans, lit-on dans la Tageszeitung, vit sous le seuil de pauvreté, et ne peut se payer une assurance. Mais, depuis 2009, les économiquement faibles peuvent faire assurer leurs semences et leur bétail contre les catastrophes naturelles. Ceci grâce à une coopération triangulaire entre la société d'assurance UAP, la fondation Syngenta pour l'agriculture durable et l'opérateur de téléphonie Safaricom. Les paysans, note le journal, paient de leur poche l'équivalent de vingt centimes d'euro pour deux kilos de semence de maïs. La même chose pour les engrais artificiels. Et surtout l'assurance est contractée par le biais d'un SMS. Le Kenya fait figure ici de pionnier dans le monde. La décision de rembourser ou non des dommages aux assurés s'appuie sur les mesures fournies quotidiennement par les 30 stations météorologiques du Kenya .
Le cimetière des enfants
En Sierra Leone en revanche, il est d'ores et déjà acquis que l'un des objectifs du millénaire ne sera pas atteint: c'est celui qui consiste à réduire des deux tiers la mortalité infantile. La Sierra Leone, note la Frankfurter Rundschau, est parmi les pays qui ont le plus fort taux de mortalité infantile. Il y a encore trois ans, un enfant sur quatre mourait avant l'âge de cinq ans. Des progrès ont été accomplis grâce aux interventions d'organisations comme World Vision qui mène sur place des projets de vaccination ou de distribution de moustiquaires. Mais souligne le journal, il en faudra beaucoup plus pour que la mortalité infantile soit vraiment réduite. Un premier pas dans cette direction a été fait par le gouvernement au mois d'avril dernier: les soins sont désormais gratuits pour les femmes enceintes et les mères allaitantes de même que pour les enfants de moins de cinq ans. La Sierra Leone est en Afrique de l'ouest le premier pays à instituer ce genre de service.
La Guinée dans le flou
Au chapitre des échéances électorales un article sur la Guinée est paru dans la Tageszeitung. Il a été publié avant l'annonce du report du second tour de la présidentielle et concerne les violences du week-end dernier, avec des scènes, écrit le journal, qui rappelle la Guinée des mauvais jours: des partisans des deux candidats qui se jettent des pierres, des voitures en feu, des policiers armés de matraques et de canons à eau qui tentent de séparer les manifestants. Ces violences vécues à Conakry sont jusqu'à présent le point culminant des tensions qui s'accumulent depuis des semaines. Pour l'emporter, souligne le journal, chacun des deux candidats a besoin de rallier un maximun d'électeurs indécis, et ces derniers sont supposés habiter en majorité dans la capitale.
Auteur: Marie-Ange Pioerron
Edition: Georges-Ibrahim Tounkara