Les Nigériens mécontents du prix de l'essence
13 décembre 2011Ces manifestations, qui ont provoqué la mort de deux personnes à Zinder, commencent à gagner le pays, à l'image de Diffa à l'Est , où est exploité le brut nigérien. Le litre d'essence à 579 FCFA et celui du gasoil à 570 F, est inacceptable pour la grande majorité des Nigériens. En fait, la population ne comprend pas pourquoi l'essence exploitée et raffinée au Niger ne coûtera que 100 F moins cher que celle achetée sur le marché international. Pour Abdoul Kader Mamane Sani, secrétaire général du mouvement populaire pour la pérennisation des actions de développement, la discorde avec le gouvernement va au-delà de la question du prix de vente de l'essence : " Nous avons toujours lancé un appel au gouvernement, que le prix là, il est excessif. Il est très cher pour les Nigériens. Et nous n'allons pas accepter ce prix-là tant que nous vivons et que nous sommes au Niger. Par rapport aussi aux retombées, nous nous disons que la région de Zinder a été marginalisée et mise de côté par rapport à ça. On va se lever et on va combattre tout celui qui veut nuire à ce peuple."
Pour une baisse des prix
Construite par les Chinois, la société de raffinerie de Zinder SORAZ doit en principe raffiner 20.000 barils par jour, dont 7.000 destinés à la consommation locale. Les retombées de l'activité sont, selon le secrétaire général du syndicat des transporteurs de Zinder, évidentes, même si Askia Dan Sani plaide lui aussi pour une baisse des prix des hydrocarbures : "Les transports qui vont s'effectuer vont passer ici à Zinder, les gens vont venir à Zinder, il y aura un bouleversement. Mais quand même, si le prix du pétrole avait été diminué, ça allait être plus efficace et ça allait être extraordinaire. Mais je demande une fois de plus à l'Etat nigérien de revoir sa position et de diminuer pour que tout le monde parte à la station, pour se ravitailler."
Dans sa tentative de justification des prix annoncés, le gouvernement explique que le contrat avec les Chinois avait été mal négocié par son prédécesseur et qu'il faut à présent rembourser les 980 millions de dollars qu'à couté l'infrastructure. Koudou Kimba est le coordonnateur régional de la confédération nigérienne de Travail, à Zinder. Il essaie de comprendre la position du gouvernement : "Je pense qu'on doit avoir confiance en nos dirigeants. Ils ont tout fait, ils ont expliqué et fait la comparaison avec la sous région et même les pays qui avait la raffinerie depuis longtemps. Donc, on doit avoir confiance en eux ! Ils ont dit dans 6 mois ils vont voir, si 6 mois là ils ne revisent pas, là ils nous ont donné l'aval pour agir !"
Au Niger, en dehors de la capitale, c'est le carburant fraudé, en provenance du Nigeria et vendu autour de 300 FCFA le litre, qui fait tourner les moteurs. C'est donc comparé à ce prix que les Nigériens refusent d'acheter plus chère l'essence sortie de la SORAZ, appartenant à 40% à l'Etat du Niger.
Auteur : Ali Abdou, correspondant à Maradi
Edition : Marie-Ange Pioerron