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Les nerfs à vif au Kenya

Marie-Ange Pioerron8 mars 2013

Les élections au Kenya continuent de retenir l'intérêt des journaux allemands.Les articles cités ci-dessous sont parus avant la publication des résultats.

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Dépouillement des voix dans un bureau de vote à NairobiImage : DW/A. Kiti

"Attente nerveuse à Nairobi" titre la Süddeutsche Zeitung dans son édition du 7 mars. Le décompte des voix ne cesse de se prolonger, et avec chaque heure qui passe la crainte de nouvelles violences comme en 2007/2008 ne fait que grandir. Les autorités, note le journal, avaient pris une multitude de précautions pour mettre le processus électoral à l'abri de tout soupçon de manipulation. Mais ce sont précisément ces précautions qui ont retardé le dépouillement. Le système électronique qui devait transmettre les résultats à partir des circonscriptions électorales est tombé en panne, la commission électorale a donné l'ordre d'acheminer tous les bulletins de vote à Nairobi. La loi, précise le journal, fait obligation à la commission électorale de publier les résultats au plus tard le 11 mars. Le Tagesspiegel de Berlin évoque le retour forcé et contraint au décompte manuel et souligne que la vie publique au Kenya en est presque totalement paralysée. Le journal a aussi interrogé Andrew Atta-Asamoah, de l'Institut pour les études de sécurité à Pretoria en Afrique du sud. Pour cet expert, le scénario le plus inquiétant serait que Raila Odinga, le premier ministre sortant, perde l'élection présidentielle contre Uhuru Kenyatta. Car ses partisans sont convaincus que son tour est maintenant venu de gagner.

Kenia nach den Wahlen 2013
Après les élections à Kusumu dans l'ouest du KenyaImage : Reuters

Pour les deux camps, lit-on dans Die Welt, l'enjeu est de taille. A 68 ans Raila Odinga se présente pour la troisième, et probablement dernière fois. Uhuru Kenyatta n'a que 51 ans, il est multimillionnaire, mais s'il perd, sa position devant la Cour pénale internationale s'en trouvera très affaiblie (la Cpi l'a inculpé pour sa participation présumée dans les violences post-électorales d'il y a cinq ans). Cela dit souligne Die Welt, même sans violence à l'issue de ce scrutin du 4 mars, la question des terres reste au Kenya l'un des sujets les plus explosifs, principalement dans la vallée du Rift. Il y a plusieurs décennies les Kikuyus y ont acheté des surfaces agricoles à des fermiers blancs , ils se sont installés dans la région malgré la résistance des paysans kalenjin qui les accusent de néo-colonialisme.

Terrorist Mokhtar Belmokhtar getötet
Mokhtar Belmokhtar , sur une vidéo diffusée le 21 janvier 2013Image : Reuters/Sahara Media

La fin du "borgne"?

Le Mali continue lui aussi d'être présent dans la presse allemande. Et cette semaine, ce qui intéresse surtout les journaux c'est la mort annoncée de deux des djihadistes les plus connus: Abou Zeid et Mokhtar Belmokhtar. L'armée tchadienne, qui intervient dans le Nord-Mali aux côtés de l'armée française, affirme les avoir tués. Faute de confirmation par Paris et Alger, la presse allemande reste évidemment prudente. Mais comme le souligne la Süddeutsche Zeitung dans un article intitulé "La fin du borgne", l'élimination des deux chefs rivaux porterait un sérieux coup à la mouvance islamiste dans le Sahel. Le borgne en question, c'est Mokhtar Belmokhtar. Comme le rappelle le journal il avait perdu un oeil en Afghanistan quand il combattait là-bas dans les rangs de volontaires arabes contre les Soviétiques. La mort de Belmokhtar, note de son côté Die Welt, est pour l'armée tchadienne un succès dont elle a de tout urgence besoin. Au moins 50 de ses soldats, poursuit le journal, sont morts jusqu'à présent au Mali. Mais Belmokhtar est déjà mort souvent, souligne die Welt: au moins cinq fois ces quinze dernières années. Quant à Abdelhamid Abu Zeid, le numéro 2 d'Al Qaida au Maghreb islamique, la Frankfurter Allgemeine Zeitung le présente comme le visage de loin le plus connu d'Aqmi au Sahara, et l'un des commandants les plus performants du groupe. C'est lui, estime le journal, qui a étendu de la Mauritanie au Niger la zone de combat d'Aqmi limitée initialement au sud de l'Algérie.

Mali Französische Soldaten
Soldats français à GaoImage : Reuters

Une guerre faite pour durer au Mali

La poursuite de la guerre dans le Nord-Mali suscite aussi une réaction. On la trouve dans l'hebdomadaire Die Zeit qui écrit que cette guerre est loin d'être terminée. L'alliance de la France avec les rebelles touaregs du MNLA à Kidal est un obstacle à la réconciliation nationale, estime le journal, qui développe ainsi son argumentation: croire que les Touaregs sont une minorité globalement discriminée est une erreur, du moins pour ce qui est des 15 dernières années. Dans bien des secteurs politiques ils sont sur-représentés, au parlement par exemple où des sièges supplémentaires ont été attribués à la région de Kidal, pourtant fort peu peuplée. Il n'est pas juste non plus de parler d'une marginalisation économique du Nord-Mali. C'est plutôt la mauvaise gouvernance dans le nord qui a eu des conséquences fatales, car le climat, la géographie et la composition multi-ethnique rendent ici les équilibres particulièrement fragiles. L'ancien président Amadou Toumani Touré, poursuit le journal, a encouragé dans le nord des structures mafieuses en jouant les Arabes contre les Touaregs. Des milices arabes ont été armées par l'Etat, équipées de véhicules et ont eu toute liberté de s'enrichir dans le trafic de drogues. Or le Nord-Mali devait être un modèle pour le reste du pays. C'était ce qui avait été conçu il y a 20 ans, quand fut lancée la politique de décentralisation au Mali, précise die Zeit.