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Les millions de l'avocat des pauvres

Marie-Ange Pioerron28 septembre 2012

En Afrique du Sud, Julius Malema est inculpé de blanchiment d'argent. La justice l'accuse d'avoir reçu abusivement 4,6 millions de rand (460.000 euros) dans une affaire impliquant des appels d'offres gouvernementaux.

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Julius Malema à l'ouverture de son procès
Julius Malema à l'ouverture de son procèsImage : dapd/AP Photo/Themba Hadebe

Populiste de gauche très contesté, et adversaire déclaré du président Jacob Zuma, c'est en ces termes que die tageszeitung parle de l'ex-président du mouvement de jeunesse de l'ANC, suspendu pour cinq ans du parti au pouvoir. Cela fait déjà longtemps, note le journal, que Malema était dans le collimateur de la justice. Le moment choisi pour son inculpation n'est pas un effet du hasard, elle est politique, affirme Malema lui-même.

Il y a une semaine, rappelle notre confrère, la police l'avait chassé de la mine de Marikana en le menaçant de l'arrêter. Il avait plus d'une fois appelé les mineurs en grève à poursuivre leur mouvement. Peu après la fin de la grève, un mandat d'arrêt était délivré contre lui. Et ce n'est pas tout souligne le journal. Malema est aussi soupçonné de fraude fiscale.

Le fisc veut passer à la loupe ses propriétés dans les provinces de Limpopo et Gauteng, dont une ferme, une maison à Polokwane et une maison de deux étages, pas encore achevée, dans un quartier chic de Johannesburg. Car Malema qui joue toujours au défenseur des pauvres, mène lui même grand train de vie. Ses détracteurs le lui ont souvent reproché, cela risque maintenant de lui être fatal devant la justice de son pays. La Frankfurter Allgemeine Zeitung relève de son côté que l'inculpation de Malema coïncide avec une nouvelle attitude du gouvernement sud-africain vis-à-vis de l'anarchie qui se propage dans l'industrie minière. Le journal rappelle notamment la brutale intervention de la police à Marikana. Le président Zuma entend briguer une fois de plus, en décembre prochain, la présidence de l'ANC. En optant pour une ligne plus dure, il tient à s'affirmer après s'être fait reprocher son indécision au début de la grève dans la mine de Marikana.Pays riche, population pauvre

20 Jahre Frieden in Mosambik
Habitants de Chitima, au Mozambique, qui se plaignent du coût de l'électricitéImage : DW/M. Barroso
Südafrika Mine Streik Ende Julius Malema
Conférence de presse de Julius Malema le 18.09.2012Image : Reuters

Au Mozambique voisin, il y aura vingt ans, le 4 octobre, que l'accord de paix signé entre le Frelimo, le parti au pouvoir, et la rébellion de la Renamo a mis fin à 17 années de guerre civile. À l'invitation du ministère allemand de la Coopération, des journalistes allemands se sont rendus sur place. L'un d'entre eux publie son reportage cette semaine dans die tageszeitung. Il en ressort que vingt ans après la fin de la guerre, le Mozambique est toujours parmi les pays les plus pauvres du monde. Depuis des années, son économie affiche pourtant un taux de croissance à la chinoise : 8% par an.

Le pays vit actuellement un boom sur les matières premières. Mais ce sont surtout les fonctionnaires et les grandes sociétés étrangères qui en profitent. Selon le sociologue mozambicain Rogerio Ossemane, cité dans le reportage, plus de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté, fixé par le gouvernement à un demi-dollar par jour. Et compte tenu de la croissance démographique, le nombre absolu de pauvres a même augmenté de 1,8 million de personnes.Double langage à Khartoum

Proteste Anti Islam Video Film Mohammed Karthum Sudan
Manifestants devant l'ambassade d'Allemagne à KhartoumImage : Reuters

Si les protestations contre la vidéo islamophobe ont faibli dans le monde musulman, l'hebdomadaire Der Spiegel réagit encore après l'attaque, le 14 septembre, de l'ambassade d'Allemagne à Khartoum. Il dénonce dans sa dernière livraison le cynisme avec lequel les dirigeants musulmans appréhendent des phénomènes comme la vidéo "L'innocence des musulmans".

Le journal relève que juste avant que le drapeau noir islamiste soit hissé sur l'ambassade d'Allemagne à Khartoum, le secrétaire d'État soudanais Rahmatallah Osman et l'ambassadeur d'Allemagne prenaient le thé ensemble au ministère des Affaires étrangères. Selon l'ambassadeur, l'atmosphère était très amicale.

Mais note plus loin le journal, c'est un schéma habituel : la plupart des gouvernements islamiques hésitent à isoler les prédicateurs et les agitateurs car ils ont besoin de leurs partisans, ou ils les craignent. Ils chevauchent donc la vague, même si parfois il n'est pas possible de la contrôler. Cela a moins à voir avec une indignation spontanée qu'avec un calcul tactique.Beaucoup d'interrogations en Éthiopie

Äthiopien - Premierminister Haile Mariam Desalegne
Hailemariam DesalegnImage : CC-BY-SA- World Economic Forum

Enfin l'avenir de l'Éthiopie, après la mort du Premier ministre Meles Zenawi, inspire des réflexions à la presse. Et soulève surtout bien des questions. Les espoirs sont aussi grands que les craintes, lit-on dans die tageszeitung. Le choix du jeune Hailemariam Desalegn pour succéder à Meles Zenawi, a accru encore la tension.

Existe-t-il en Éthiopie des chances de démocratisation ou faut-il redouter à moyen terme l'éclatement de cette mosaïque de peuples ? Difficile de répondre, estime le journal. L'Éthiopie est plus complexe qu'on ne le pense. Si elle est officiellement un allié des occidentaux, elle va son propre chemin. Et si elle est à juste titre critiquée pour sa politique de répression, on assiste malgré tout à une lente politique de réforme et d'ouverture.

L'Éthiopie va probablement continuer d'appliquer une idéologie du développement inspirée du modèle chinois, idéologie qui n'autorise aucun désaccord public. Une démocratisation à l'occidentale n'est pas une option pour l'instant, mais la faute en revient aussi en partie à l'opposition, elle s'est elle même affaiblie par ses querelles internes. Le changement à l'intérieur se poursuit malgré tout, souligne le journal. Par exemple, l'État investit un quart de son budget dans l'éducation et crée ainsi une dynamique qui, dans une génération, aura complètement modifié le visage de l'Éthiopie.