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Les mentalités changent au Pakistan

Emmanuel Derville2 mai 2013

Au Pakistan, une mère de famille, Nusrat Begum, se présente aux législatives du 11 mai dans les zones pachtounes. C'est une première dans cette région très conservatrice.

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Comission électorale à Peshawar
Comission électorale à PeshawarImage : A. Majeed/AFP/Getty Images

Nusrat Begum est une pionnière. Depuis son village reculé dans la région de Dir, cette mère de cinq enfants veut devenir la première femme pachtoune députée au Parlement. Le pari est courageux. Situé à la frontière afghane, dans le nord-ouest du pays, le district de Dir fut occupé par les talibans en 2008 et 2009.

La société pakistanaise n'a longtemps toléré ses femmes qu'au foyer. Pourtant, les mentalités changent. Nusrat Begum est soutenue par sa famille et la plupart des femmes de sa circonscription. « Les femmes d'ici me soutiennent parce que, en tant que femme, je comprends mieux leurs problèmes, affirme-t-elle. Il y a 14.000 électeurs dans cette circonscription et je suis sûr de compter sur l'appui de 5.000 à 6.000 d'entre eux. »

Le Pakistan est une société assez conservatrice
Le Pakistan est une société assez conservatriceImage : picture alliance/AP Photo

Peu d'observateurs parient sur sa victoire. La Jamaat islami, le premier parti islamiste du pays, est donné favori. Mais peu importe. Nusrat Begum veut d'abord réaliser son rêve : « J'ai toujours dit à mon père que je voulais faire de la politique, ne pas me marier et continuer mes études. Mais ma famille m'a rétorqué : "l'éducation des femmes ? Pour quoi faire ?" Et quand mon père m'a mariée, ma belle-mère m'a battu pendant six ans. »

Défense des droits des femmes

L'éducation et la lutte contre les violences domestiques sont donc les deux priorités de son programme. Mais sa détermination n'en fait pas une féministe pour autant. Nursrat veut par exemple lutter contre l'obscénité dans la société : « De nos jours, les jeunes filles célibataires ont des téléphones portables. Il faut le leur interdire jusqu'à ce qu'elles soient mariées. Elles n'en ont besoin qu'après le mariage pour rester en contact avec leur famille. Et elles doivent se voiler pour se concentrer sur leurs études ou sur leur travail. »

Il y a plusieurs femmes candidates à travers le pays
Il y a plusieurs femmes candidates à travers le paysImage : A. Majeed/AFP/Getty Images

Menaces de mort

Une posture plutôt conservatrice qui ne suffit pas à la protéger. Certains ne voient pas sa candidature d'un bon œil et Nusrat Begum a déjà été menacée de mort : « Il y a quelques jours, des inconnus m'ont appelée. Ils m'ont dit : tu es une femme et tu n'as pas le droit de participer aux élections. Nous avons cinq balles pour toi et nous allons te tuer. Mais j'ai toujours dit que je serai candidate. En tant que pachtoune, je ne peux pas renier mes promesses. Si je continue, d'autres femmes suivront mon exemple. »