1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Les menaces d'Erdogan et les attentes de l'UE

Philippe Pognan12 mai 2016

Si Ankara ne remplit pas les critères exigés par Bruxelles, une exemption de visa pour les Turcs voulant se rendre dans l'espace Schengen ne pourrait être accordée.

https://p.dw.com/p/1ImTX
Türkei Ankara Präsident Recep Tayyip Erdogan
Le président turc Recep Tayyip ErdoganImage : Getty Images/AFP/A. Altan

Sur quoi le président turc Recep Tayyip Erdogan remet en question l'accord entre l'Union européenne et la Turquie sur la gestion des flux migratoires vers l'Europe. Les journaux s'en font l'écho.

Lors d'un discours à Ankara, Recep Tayyip Erdogan a jugé inacceptable d'assouplir la législation antiterroriste en Turquie confronté à la reprise de la rébellion kurde depuis l'été dernier et voisin de la Syrie. De son côté, la Commission européenne à Bruxelles a averti la Turquie qu'elle ne pourrait pas obtenir d'exemption de visa si les 72 critères prévus, dont une modification de cette législation controversée, n'étaient pas remplis. La Süddeutsche Zeitung estime que "c'était une faute de lier le dossier de la gestion des flux migratoires à l'exemption de visas. On peut maintenant- pour empêcher qu'Erdogan ne triomphe – refuser l'exemption de visas jusqu'à ce que la Turquie révise ses lois anti-terroristes. Mais ce serait poursuivre sur la fausse voie. Car s'il est important que l'Union européenne n'ignore pas la question des droits de l'Homme en Turquie, il n'est cependant pas souhaitable que les adversaires de la liberté de visa utilisent les droits de l'Homme comme prétexte.

Belgien Martin Schulz und Tayyip Erdogan
Le président du Parlement européen Martin Schulz (à g.) a du mal à se faire entendre par le président turc Recep Tyyip ErdoganImage : picture-alliance/epa/J. Warnand

Par ailleurs, il est aussi important de critiquer le comportement souvent rude des autorités turques vis-à-vis des réfugiés et migrants. Mais, souligne le quotidien de Munich, cette critique serait plus crédible si l'Europe elle-même avait une politique migratoire plus respectueuse de la dignité humaine ".

Südosten der Türkei Gaziantep Provinz Flüchtlingslager
Le camp de réfugiés de Gaziantep dans le sud-est de la TurquieImage : picture alliance/AP Photo/L. Pitarakis

Le quotidien conservateur Die Welt plaide lui pour que l'Union européenne change de cours, car, " être en permanence sous la menace d'un chantage est une très mauvaise base pour une politique démocratique. C'est pourquoi l'Union européenne doit elle-même agir et contrôler ses frontières comme c'est fixé dans la législation européenne. Dans un cas extrême, si nécessaire en déployant aux frontières des troupes multinationales européennes. Pourquoi pas? s'interroge l'éditorialiste qui en conclusion, critique l'extrême lenteur des Européens à agir …"

"Il ne faut pas oublier une chose", souligne la Frankfurter Rundschau: "Cette affaire concerne des hommes. Non seulement les migrants et réfugiés, mais aussi des millions de Turcs qui vivent dans les pays de l'Union européenne. Ils sont très intéressés à ce que leurs proches vivant en Turquie puissent leur rendre visite sans problèmes. Les menaces sont une chose, mais elles ne doivent pas faire obstacle à une politique orientée sur l'intérêt des citoyens,"conclut le quotidien de Francfort.

Türkei Griechenland Abschiebung von Flüchtlingen
Des réfugiés expulsés de Grèce arrivent dans le port turc de DikiliImage : picture alliance/abaca/AA

"Ceux qui font d'Erdogan le portier ou le videur de l'Europe", estime le quotidien régional Neue Osnabrücker Zeitung, " ...ne doit pas s'étonner si ce dernier en fait à sa guise. Le Sultan du Bosphore ne pense pas une seconde à se laisser dicter par l'Union européenne sa politique des droits de l'Homme ou ses méthodes de lutte anti- terroriste. Mais Erdogan dépasse les bornes. Et s'il gâche ses chances d'obtenir une exemption de visas pour ses ressortissants désirant se rendre en Europe, alors il en subira les conséquences sur le plan politique intérieur ! ", conclut l'éditorialiste. …

Autre thème : la campagne électorale aux Etats-Unis

Les Américains se demandent qui emportera la présidentielle en novembre prochain. Le successeur du président Obama à la Maison Blanche sera soit le seul candidat républicain restant, l'outsider populiste et homme d'affaires Donald Trump, soit sa rivale démocrate Hillary Clinton la politicienne qui connait tous les rouages du monde politique. Car, estime la FAZ, la Frankfurter Allgemeine Zeitung , malgré un certain succès emporté par le second candidat démocrate encore en lice, le "socialiste" Bernie Sanders, l'ex Première Dame et ex-chef de la diplomatie américaine sera sans doute la candidate démocrate en novembre. "Hillary Clinton, Donald Trump, quel couple ! Quel duel ! " Mais croire que la démocrate Clinton remportera facilement la victoire finale est peut-être une erreur, remarque le journal. Lors des primaires, son succès est déjà moins aisé que prédit, constate la FAZ.

USA Vorwahlen Bildkombo Donald Trump und Hillary Clinton
Le duel pour la présidence américaine se jouera entre le candidat républicain Donald Trump et la candidate démocrate Hillary ClintonImage : Getty Images/AFP/J. Samad/T.A. Clary
USA Demokraten Wahlkampf Kalifornien - Bernie Sanders
Bernie Sanders, le "socialiste" dans le camp démocrate, a remporté plusieurs primaires, mais reste loin derrière Hillary ClintonImage : Getty Images/J. Sullivan

Et ce qui est particulier dans cette combinaison Trump- Clinton, selon les sondages auprès de l'ensemble de l'électorat, c'est que pour une grande partie de la population, Donald Trump est plutôt impopulaire et Hillary Clinton peu crédible. Après tous les faux pronostics qui ont été faits ces derniers mois, il n'est pas vraiment surprenant si dans trois Etats clef, on prédit maintenant un tête à tête serré entre Trump et Clinton. Est-ce là un dernier signal d'alarme pour les démocrates ? »