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Les mariages précoces persistent au Sénégal

Mamadou Lamine Ba
6 mars 2018

Alors que l'Unicef vient d'annoncer un recul des mariages précoces dans le monde, cette pratique reste encore très présente dans la région de Kolda, dans le sud du Sénégal.

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Mutter mit Kind in Südniger
Photo d'illustration Image : DW/N. Conrad

"Chez nous, quand une jeune fille arrive en maturité on la donne en mariage"

"Non, je ne suis pas pour la mariage précoce". "Moi je pense qu'aller à l’école et poursuivre les études sont une obligation  particulièrement les femmes". "Moi je pense que la place de la femme, c’est d’abord son foyer". "Si elles peuvent allier les deux, études et mariages, c’est mieux".

Marier les jeunes filles tôt ou les laisser poursuivre les études ? Les sénégalais sont partagés sur la question. Dans la région de Kolda, dans le sud du Sénégal, les mariages précoces sont courants. Abdourahmane Diallo, est principal d’un collège rural, à Médina Cherif : "Le mariage précoce dans nos établissements, c’est vraiment un problème. En 2016, on a eu cinq cas de jeunes filles qui mariées par la force".

Demba Boiro, instituteur, avance les raisons de cette pratique qui persiste ici: "La plupart des familles sont  démunies. Et si elles voient un prétendant, elles n’hésitent pas à donner leurs filles en mariage". 

 

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Quant à Demba Sabaly, chauffeur et père de famille, il donne des raisons coutumières : "Chez nous, quand une jeune fille arrive en maturité et que quelqu’un la demande en mariage, on la donne. Rester à la maison et faire des enfants sans mari à côté de sa maman qui en fait aussi, c’est inacceptable pour nous". 

 

"Une fille qui n’a pas fait les bancs ne sert à rien"

 

La famille Diamanka vit dans la périphérie de Kolda. Assy Diamanka, 18 ans, en classe de terminale, a déjà reçu six offres de mariages. Des offres qu’elle a rejetées. "Une fille qui n’a pas fait les bancs, je dis qu’elle ne sert à rien. Tu es seulement une femme au foyer. Ton mari va te prendre comme étant un objet. Tu restes à la maison, tu occupes les enfants. Tu ne comptes même pas", explique-t-elle.  

Dans son combat, elle est soutenue par sa mère. Asmaou Niamadio, veuve illettrée sans emploi, est engagée sur la scolarité de sa fille unique : "Si j’avais fait les études, je ne serais pas dans cette situation. Sans éducation, on n’est rien. On nous utilise. J’ai constaté que ma fille aime les études. Je la soutiens afin qu’elle y trouve un avantage".

Dans les capitales régionales, les filles accèdent au lycée et à l’Université. Mais dans les zones rurales, quelques efforts restent encore à faire pour faire reculer la pratique et maintenir les filles à l’école.

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