Les gros titres de la presse allemande
13 juin 2008En première page de la Süddeutsche Zeitung, la photo d'un grand chef amérindien en costume traditionnel avec une majestueuse coiffe ornée de plumes blanches, au milieu du parlement d'Ottawa. Le Canada s'excuse, titre le journal. Dans un discours historique, le premier ministre canadien Stephen Harper a présenté ses excuses aux premiers habitants du pays, pour des décennies de mauvais traitements. Il était injuste d'enlever les enfants des indiens à leurs familles et de les placer dans des internats spéciaux pour les priver de leur culture, de leur langue et de leurs traditions, a-t-il déclaré.
Pour Die Welt, ce geste s'imposait depuis longtemps, car les crimes commis au nom de la rééducation religieuse pèsent jusqu'à aujourd'hui sur la société canadienne. Le premier ministre Harper s'est attaqué à un thème qui était tabou sous les gouvernements précédents. Il faut beaucoup de courage et de maturité politique pour s'adresser aux survivants de ces terribles sévices avec une volonté de réconciliation.
Les tribunaux militaires de Guantanamo anticonstitutionnels, lit-on en Une de la Frankfurter Allgemeine Zeitung. A Washington, la cour suprême a une nouvelle fois jugé anticonstitutionnel le projet du gouvernement de faire juger les terroristes présumés détenus à Guantanamo par des commissions militaires.
La Tageszeitung publie en première page une photo montrant une vingtaine de détenus de Guantanemo, vêtus en orange, agenouillés la tête vers le sol, les mains liées. S'il ne s'agissait pas de la vie et des droits fondamentaux de 270 êtres humains, écrit le journal, on pourrait presque trouver drôle le jeu auquel se livrent depuis 4 ans le gouvernement Bush et les juges de la cour suprême. A chaque fois, les magistrats jugent la vision de la justice du gouvernement anticonstitutionnelle et prennent des mesures concrètes – qui, à chaque fois, ne sont pas respectées par le gouvernement. Mais qu'est-ce que cela signifie quand un gouvernement viole de façon répétée les principes édictés par la plus haute instance judiciaire du pays ? se demande le quotidien. Il abandonne l'idée d'Etat de droit, tout simplement.