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Les familles de disparus kurdes réclament justice

Delphine Nerbollier6 septembre 2012

En Turquie, des milliers de famillles continuent de demander justice pour la disparition ou la mort d’un parent dans les années 1990, en plein conflit avec le PKK. Vingt ans après, cette demande reste insatifaite.

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Copyright: 2012 Emma Sinclair-Webb/Human Rights Watch
Image : 2012 Emma Sinclair-Webb/Human Rights Watch

La plupart de ces exactions ont été commises par des membres de l'armée ou des forces de l'ordre au début des années 1990, alors que la Turquie était en plein conflit avec le mouvement kurde du PKK.

Des procès ont eu lieu à Diyarbakir, la ville kurde la plus peuplée de Turquie, qui est aussi régulièrement le théâtre d'affrontements
Des procès ont eu lieu à Diyarbakir, la ville kurde la plus peuplée de Turquie, qui est aussi régulièrement le théâtre d'affrontementsImage : picture-alliance/dpa

Hazni Dogan, par exemple, est sans nouvelle de son frère depuis 1995. Celui-ci a été enlevé en pleine nuit dans le sud-est de la Turquie alors qu'il était âgé de 13 ans. « Il était trois heures du matin quand des voitures blindées sont venues le chercher, se souvient Hazni Dogan. « Ceux qui venaient prendre nos proches étaient des militaires. Des projecteurs étaient braqués sur nous, on ne voyait rien. Mais c'étaient des véhicules officiels. Ce n'est pas le fait d'une seule personne mais le fait de la politique étatique de l'époque. Pour résoudre ces crimes, il faut donc une volonté politique forte. »

Les défenseurs des droits de l'homme inquiets

Plus de 4.000 personnes ont été tuées ou enlevées par les forces de l'ordre dans les années 1990, au plus fort des affrontements avec le PKK, le Parti des Travailleurs du Kurdistan. Depuis 2009, certaines avancées ont eu lieu. Deux procès sont en cours contre des membres des forces de l'ordre, mais la demande de justice reste immense. Tahir Elci est avocat. Il regrette l'absence de volonté des procureurs turcs : « Les preuves qui sont apportées dans les enquêtes et procès sortent soit du hasard, soit grâce au travail des familles et des avocats qui demandent au procureur de s‘en servir. Mais jusqu'à présent nous n'avons vu aucune enquête poussée et efficace menée par un procureur. »

Aujourd'hui encore, l'armée turque combat le PKK dans les montagnes kurdes
Aujourd'hui encore, l'armée turque combat le PKK dans les montagnes kurdesImage : AFP/Getty Images

De nombreuses familles de victimes riquent de ne jamais connaitre la vérité. Car la plupart des faits sont sur le point d'être prescrits après 20 ans. Aislin Reidy de Human Rights Watch tire la sonnette d'alarme : « Que 15 ou 20 années soient passées n'est pas une excuse. Selon le droit international, il est très clair qu'il ne peut y avoir de prescription pour des crimes aussi graves que les disparitions forcées, la torture, les exécutions extrajudiciaires et les actes qui tombent dans le cadre de crimes contre l'humanité. »

Human Rights Watch demande que la precription de ces faits soit levée. Mais à Ankara, aucun projet de réforme en ce sens n'est envisagé.

Photo de tête : des membres des familles de victimes réunis à Diyarbakir en mars 2012, lors du procès d’un ancien officier de gendarmerie et de six autres personnes, accusés de 20 meurtres et disparitions entre 1993 et 1995