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Les défenseurs des droits humains dans le viseur d'Ankara

Hugo Flotat-Talon
18 juillet 2017

En Turquie, la chasse aux opposants continue. Après les militaires, policiers, universitaires, les membres d´ONG sont maintenant directement visés.

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Recep Tayyip Erdogan Strasbourg Straßburg
Image : picture-alliance/dpa/J.M.Loos

Un tribunal d'Istanbul a ordonné ce mardi matin le placement en détention de six millitants des droits de l'Homme. L'affaire remonte au 5 juillet dernier. Dix personnes sont arrêtées sur une ile au large d’Istanbul pendant un atelier de formation. Il y a des Turcs évidemment mais aussi un Suédois et un Allemand. Leur point commun : tous travaillent dans le domaine des droits de l'homme. Et ils sont accusés publiquement par le président en personne Recep Tayyip Erdogan de "mener des activités dans la continuité du putsch de l'an dernier. Ce serait des ennemis du pouvoir."

Ce mardi le tribunal leur reproche même des activités présumées très graves, comme le raconte l'avocate turque Meric Eyupoglu "ils parlent d´une organisation terroriste. L’accusation porte sur le fait d’avoir aidé cette organisation terroriste, sans en être membre. Alors on a demandé quelle organisation. Ils sont incapables de donner une réponse."

Un mauvais signe

Parmi les personnes emprisonnées, il y a Idil Eser, directrice d'Amnesty International pour la Turquie, des membres de la coalition des femmes et de la fondation des droits de l'homme. Des personnes qui n'auraient rien à se reprocher mais auraient été arretées justement à cause de leur fonction, accuse Marie Lucas, expert de la Turquie pour Amnesty International en Allemagne "c'est maintenant clair que les personnes qui défendent les droits de l'homme en Turquie sont emprisonnées. Eux tout spécialement. C'est un très mauvais signe pour la suite des choses en Turquie."

Une aggravation de la situation que craignent aussi les partenaires d'Ankara. La chancelière allemande Angela Merkel a ainsi déclaré que l'arrestation de l'activiste allemand était "absolument injustifiée".

Madgalena Freundenschuss, l'épouse du formateur allemand Peter Steudtner qui fait partie des personnes interpelées pendant l'atelier de formation estime qu'il est urgent d'agir "il n'y aurait pas de lien particulier entre le chargé de projet de l'atelier et les arrestations. Mais avant tout, on arrête les gens, pas tous, mais on arrête des gens qui travaillent pour défendre les droits de l'homme en Turquie. Des gens qui travaillent pour leur société." 

En Allemagne, le chef des sociaux démocrates et candidat à la chancellerie, Martin Schulz, a employé des mots encore plus durs. "Le président turc est en train de dissoudre l'Etat de droit et la démocratie " a-t-il expliqué dans la presse. 

En attendant, les militants des droits de l'homme restent en prison en Turquie. Sans même avoir de date pour un éventuel procès.