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Les dossiers de la Stasi sur Helmut Kohl restent en grande partie confidentiels

Aude Gensbittel24 juin 2004

La justice allemande a tranché dans l’affaire des informations de la Stasi sur l’ancien chancelier Helmut Kohl. La cour fédérale administrative de Leipzig a décidé que les dossiers de l’ancienne police secrète est-allemande resteraient en grande partie confidentiels. Les journalistes et les historiens qui s’y intéressaient n’auront accès qu’à de rares dossiers et toute publication de ce qui concerne de près où de loin la vie privée d’Helmut Kohl restera exclue. Une décision face à laquelle les journaux allemands sont plutôt mitigés.

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L'ancien chancelier allemand Helmut Kohl
L'ancien chancelier allemand Helmut KohlImage : AP

L’utilisation des dossiers de la Stasi est un sujet délicat, rappelle la Tageszeitung. Car leurs informations ont été récoltées par des indicateurs dont les méthodes bafouaient des droits élémentaires. La diffusion de dossiers brûlants de ce genre dans la presse ou dans des travaux de recherche n’est donc pas une chose qui va de soi, poursuit le journal de Berlin. Il n’est alors pas étonnant que la décision du tribunal de Leipzip soit en faveur d’Helmut Kohl et toute autre victime de la Stasi peut maintenant y faire référence. Pour la taz, ce qui est beaucoup plus douteux, c’est le mépris des juges envers la presse et la recherche historique. Car après tout les débats sur l’histoire de la Stasi et le rapport au passé doivent être publics.

La Sächsiche Zeitung, voit quant à elle des conséquences inquiétantes dans ce jugement. Il ne concerne en effet pas seulement des victimes de la Stasi, comme Helmut Kohl, écrit le quotidien de Dresde, des grands responsables du SED, le parti communiste de la RDA, pourront aussi en profiter. Les journalistes et les historiens auront besoin de leur autorisation pour accéder aux dossiers qui les concernent. Il sera donc plus difficile pour l’Allemagne de faire face à son passé et à la dictature du SED. Quinze ans après la fin de la RDA, c’est un peu trop tôt pour y renoncer, conclut le journal.

Pour la Süddeutsche Zeitung, Helmut Kohl sort grand gagnant dans cette affaire. Pour empêcher l’accès à un dossier, il lui suffit à présent de dire que telle ou telle action relevait du domaine du privé. La décision de la justice porte atteinte à la liberté de la presse, poursuit le journal de Munich. Visiblement la cour de Leipzig partage le même avis qu’Helmut Kohl, et pense que les journalistes sont dangereux.

C’est tout le contraire pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, qui voit dans le jugement une victoire contre le voyeurisme. Si les dossiers sur Helmut Kohl attisent autant la curiosité, c’est qu’ils datent de l’époque des affaires de financement illégal de son parti, l’Union chrétienne-démocrate. L’ancien chancelier s’est bien douté que c’était lui, et non pas les mécanismes de la Stasi que les historiens avides de savoir souhaitaient passer au crible, écrit la FAZ. La cour de Leipzig voyaient manifestement les choses de la même façon.