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Les chômeurs de plus de 50 ans respirent

7 décembre 2007

Marche arrière pour les sociaux-démocrates en Allemagne qui ont annoncé l'allongement de la durée de versement des indemnités chômage pour les plus de 50 ans. Ceux-ci représentent un quart des chômeurs Outre-Rhin.

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Un chômeur sur quatre en Allemagne a plus de 50 ans.
Un chômeur sur quatre en Allemagne a plus de 50 ans.Image : picture-alliance/dpa

Un reportage de Sophie Grènery pour la Deutsche Welle.

L’héritage des années Schröder est mis à mal... par les sociaux-démocrates en personne qui, deux ans à peine après l’entrée en vigueur de la loi dite « Hartz IV » ont fait marche arrière. Au sein de la Grande coalition, ils ont annoncé l’allongement de la durée de versement des indemnités chômage pour les plus de cinquante ans.

La paupérisation en progrès en Allemagne

Le SPD reprend donc un peu de rouge aux joues. Par nécessité politique, mais sans doute aussi par nécessité sociale. Car malgré une certaine décrue du chômage, la paupérisation de la société allemande progresse. Les plus de cinquante ans constituent un groupe particulièrement menacé.

Aujourd’hui Markus E., 56 ans, parle non sans fierté de son parcours professionnel. Après la faillite de son entreprise en 2005, il se retrouve au chômage. Peu de temps après, il est victime d’un accident cérébral. L’opération est lourde et périlleuse, mais il s’en remet, miraculeusement.

"Mon avantage, c'est justement mon âge."

Six mois de convalescence et voilà de nouveau Markus E. en piste. Au lieu de traîner son âge comme un boulet sur le marché de l’emploi, il participe à un programme de réinsertion pour les plus de cinquante ans et décroche un poste dans une agence de placement.

Markus E. explique sons parcours : "La formation a commencé en 2006, j’aurais dû finir à la mi-avril de cette année. Finalement j’ai trouvé un emploi au début du mois de mars. Je pense que mon avantage, c’est justement mon âge. D’un côté, je sais ce que c’est d’être au chômage, je suis passé par cette case... De l’autre côté, j’ai une longue carrière professionnelle derrière moi, alors je comprends rapidement quel profit recherche un employeur."

Aujourd’hui Markus E. a donc retrouvé du travail. A mi-temps seulement, son état de santé ne lui permettant pas de travailler plus. Pourtant, il mesure sa chance. Car les statistiques, sont sans appel :

25% des plus de 50 ans sont au chômage.

La peur de la dégringolade sociale

Depuis l’entrée en vigueur de la loi Hartz IV, loi qui a réformé les conditions d’indemnisations des chômeurs, la peur de la dégringolade sociale est donc d’autant plus grande chez les salariés les plus âgés. Une situation difficile, comme l'exprime Markus E. : "On ressent bel et bien une peur existentielle. Non seulement on redoute la dégringolade sociale, mais aussi la perte de repères : vous perdez vos collègues, vos amis, parce que vous restreignez vos sorties... La loi Hartz IV permet aux services de l’emploi de tout savoir sur votre situation patrimoniale. Le ton est devenu plus rude, plus dur..."

A l’heure actuelle, un chômeur touche des allocations pendant une année maximum - 18 mois s’il a plus de 55 ans - quelle que soit la durée pendant laquelle il a versé des cotisations en tant que salarié.

Au delà, c’est l’aide sociale : un forfait de 347 euros, auquel s’ajoute la prise en charge du loyer et des frais de chauffage. Pour vivre en Allemagne, c’est peu.

Couverture chômage allongée pour les plus âgés

Voilà pourquoi Wilhelm Adamy, du syndicat DGB, réclamait un allongement de la durée d’indemnisation pour les plus âgés : "Prenez l’exemple d’un salarié qui a côtisé pendant 30 ans à l’assurance chômage. S’il a 55 ans, il perçoit les allocations pendant dix-huit mois, pas plus !

Après on regarde s’il a des économies, s’il a un partenaire qui a un revenu... Une fois toutes les possibilités de financement épuisées, alors les services administratifs consentent à lui verser l’aide sociale.

Nous trouvons que c’est injuste, qu’il faut corriger ce mode de calcul. Les enquêtes d’opinion montrent que nous avons l’opinion publique derrière nous."

A l’avenir, dès l’âge de 50 ans, les chômeurs bénéficieront d’une durée de versement plus longue, plafonnée à 24 mois pour les plus de 58 ans. Cette mesure vient d’être entérinée par les députés du Bundestag, sous la pression des sociaux-démocrates, ceux-là mêmes qui sous la férule de Gerhard Schröder s’était engagés dans une voie dite du « nouveau centre ».

Le SPD retrouve son rôle traditionnel

Sondages catastrophiques aidant, le SPD retourne finalement à une programmatique plus traditionnelle. Ottmar Schreiner, député SPD de la Sarre, est soulagé : "J’étais l’un des 7 députés de la majorité rouge-verte à avoir voté contre la loi Hartz IV. Notre argument à l’époque c’était que cette loi n’allait pas créer plus d’emploi, mais qu’elle allait produire plus de pauvreté.

C’est vrai qu'en ce moment, on assiste à une certaine décrue du chômage, mais c’est dû uniquement à l’amélioration de la conjoncture... qui ne profite justement pas aux chômeurs de longue durée – ceux qui reçoivent l’aide sociale – ces fameux 347 euros. Par contre, l’Allemagne a vraiment affaire à un problème croissant de pauvreté."

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