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Les appétits de la famille Gupta

Claire-Marie Kostmann
1 septembre 2017

Il est question d'appétits dans cette revue de la presse africaine : celui de la Turquie en Somalie, qui y installe une base, et celui de la sulfureuse famille Gupta, très proche du président sud-africain Jacob Zuma.

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La richissime famille d'hommes d'affaires d'origine indienne, les Gupta, défraie la chronique en Afrique du Sud
La richissime famille d'hommes d'affaires d'origine indienne, les Gupta, défraie la chronique en Afrique du SudImage : imago/Gallo Images

En Afrique du Sud, la famille Gupta est accusée d'avoir payé une agence de communication londonienne pour manipuler l'opinion publique sud-africaine à travers une campagne anti-Blancs. Cette agence de communication est Bell Pottinger, fondée par un ancien conseiller de Margaret Thatcher. Une agence dont le carnet d'adresse ne s'embarrasse pas de la morale : parmi ses clients, note la Süddeutsche Zeitung, on trouve le président syrien, le dictateur chilien Pinochet, le président biélorusse Lukashenko et l'ex-champion sud-africain Oscar Pistorius, emprisonné pour le meurtre de sa compagne.

Le parti d'opposition sud-africain de l'Alliance démocratique accuse Bell Pottinger d'avoir lancé une "campagne motivée par la haine qui devait séparer l'Afrique du Sud selon des races pour aider le président sud-africain à piller des fonds publics".

La famille du président Jacob Zuma est accusée d'avoir voulu manipuler l'opinion de son pays
La famille du président Jacob Zuma est accusée d'avoir voulu manipuler l'opinion de son paysImage : Reuters/M. Hutchings

À partir de 2016, Bell Pottinger, qui était le communicant de la holding tenue par la fratrie Gupta, aurait négocié un contrat de relations publiques directement avec le fils de Zuma. Objectif : faire distraction face aux accusations de corruption contre sa famille. Le tout, pour 110.000 euros par mois, rapporte le journal de Munich.

Un peu plus tard, de nombreux nouveaux profils sont apparus sur Twitter, attaquant de riches hommes d'affaires blancs. Le président Zuma a soudainement parlé du "monopole du capital blanc" et du programme "d'émancipation économique", réveillant les blessures de l'apartheid.

Zuma parle de la redistribution de la richesse, mais en pratique, il s'occupe avant tout de l'augmentation de la richesse de sa famille, affirme la Süddeutsche Zeitung. Et l'agence de communication a nié avoir mené une telle campagne pour "créer un récit sur l'apartheid économique".

La Turquie implante une base militaire en Somalie

La Frankfurter Allgemeine Zeitung s'intéresse quant à elle aux ambitions de la Turquie en Afrique de l'Est : le pays va en effet bientôt ouvrir une base militaire près de l'aéroport de Mogadiscio, en Somalie. Officiellement, il s'agit de fournir le premier camp d'entraînement professionnel à l'armée somalienne. Le but : former 10.000 soldats par an. Pourtant il n'y aura dans un premier temps qu'une centaine d'instructeurs turcs, relève la FAZ.

La Turquie veut prendre de plus en plus de place en Somalie grâce à l'armée
La Turquie veut prendre de plus en plus de place en Somalie grâce à l'arméeImage : picture alliance/AA/K. Bozdogan

L'armée turque, déjà présente au Qatar, en Irak et en Syrie, continue détendre son influence. Concernant l'Afrique de l'Est, il faut remonter à la visite de 2011 du président Recep Tayyip Erdogan en Somalie. Dans ce pays instable où sévissent les Shebab, Ankara a ouvert une ambassade en 2016 – la plus grande représentation turque sur le continent.

L'argent turc aide à la collecte des ordures à Mogadiscio, tandis que la compagnie aérienne nationale Turkish Airlines dessert la Somalie depuis plus de cinq ans. L'ambassadeur turc à Mogadiscio a assuré que la question n'était rien de moins que la reconstruction de l'Etat somalien : les Turcs sont donc là pour longtemps, note le journal.

Des débouchés pour les produits de Casamance

Maintenant, passons à un appétit plus gourmand pour les mangues et les noix de cajou de Casamance. Jusqu'à présent, les produits agricoles de la Casamance avaient du mal à trouver preneur dans le reste du Sénégal, explique die tageszeitung. En cause les coûts du transport jusqu'à la capitale Dakar. Mais le changement politique en Gambie est prometteur pour les agriculteurs de cette région en proie depuis décembre 1982 à la rébellion du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC, indépendantiste).

Les mangues de Casamance vont pouvoir être plus facilement acheminées vers la Gambie
Les mangues de Casamance vont pouvoir être plus facilement acheminées vers la GambieImage : picture-alliance/Dinodia Photo Library

Souvenez-vous, l'ancien président gambien Yahya Jammeh avait temporairement augmenté les tarif douaniers pour les camions de six à 600 euros. Une catastrophe pour les produits frais. Mais depuis l'arrivée au pouvoir d'Adama Barrow, les tarifs ont été réduits, les barrières commerciales ont diminué.

Et à Ziguinchor, le président de la Chambre de commerce se veut "prudemment optimiste", souligne le journal berlinois. "Je crois que ces difficultés politiques peuvent être résolues", a-t-il raconté à la journaliste venue l'interroger. Mais un danger menace toujours les agriculteurs de Casamance : les centaines de mines, vestiges du conflit entre la rébellion et le pouvoir sénégalais.