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Le torchon brûle entre Washington et l'Amérique latine

Sophie Grènery12 septembre 2008

Tension entre Washington et plusieurs Etats d'Amérique latine, notamment la Bolivie et le Vénézuela. Ces deux pays viennent de déclarer indésirables les ambassadeurs américains en poste à Caracas et à La Paz.

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In this photo released by Miraflores Press Office, Venezuela's President Hugo Chavez speaks on his weekly radio and television show "Hello President" in Maracaibo, Venezuela, Sunday, May 11, 2008. Chavez said that the documents Colombia unveiled as proof that he sought to help arm and finance Colombian rebels are fake. (AP Photo/Miraflores Press Office)
Hugo Chavez, le président vénézuélien. Il accuse Washington de lancer un nouvel assaut impérialisteImage : AP

Un remake de la Guerre froide ? C’est bien l’impression produite après les dernières passes d’armes que se livrent depuis le début de la semaine les Etats Unis et les pays d’Amérique du Sud. L’Argentine, d'ordinaire plutôt bienveillante envers le voisin du Nord soupçonne l’administration Bush de vouloir déstabiliser la présidente Christina Kirchner. Mais c’est encore une fois la Bolivie et le Vénézuela qui par le biais de leur bouillonnants chefs d’Etat Evo Morales et Hugo Chavez sont les plus virulents dans leurs attaques.

Venezuele Präsident Hugo Chavez
Image : AP

« Allez en enfer, sales Yankees, nous sommes les fils de Simon Bolivar ».. c’est par cette formule peu diplomatique que Hugo Chavez a sommé hier l’ambassadeur des Etats-Unis de quitter Caracas dans les 72 heures.

Pour le président vénézuélien, habitué à ce genre d’excès verbal, il s’agissait d’afficher haut et fort sa solidarité avec le « frère » de Bolivie, Evo Morales.

Car le président bolivien traverse sans doute la crise la plus délicate depuis son arrivée au pouvoir en décembre 2005. Malgré l’adhésion massive de la population au dernier référendum du mois d’Août, cinq provinces du pays réclament une autonomie accrue.. Or ces régions sont justement les plus riches : elles regorgent de gaz et assurent 80 % du PIB bolivien.

Bolivia's President Evo Morales delivers a speech at the presidential palace in La Paz, Thursday, Sept. 11, 2008. Morales said Wednesday that he is expelling the U.S. Ambassador to Bolivia, Philip Goldberg, for allegedly inciting violent opposition protests.(AP Photo/Juan Karita)
Evo Morales, le président bolivien, a décrété l'ambassadeur américain persona non grata à La PazImage : AP

Evo Morales a ouvertement accusé Washington d’encourager la partition de son pays. Inversement l’administration Bush reproche au président socialiste, fervent défenseur des planteurs de coca d’ignorer ses doléances en matière de lutte contre la drogue .

Depuis mercredi, il n’y a donc plus d’ambassadeur américain à la Paz, la capitale bolivienne... Dans la foulée, l’ambassadeur bolivien à Washington a été prié de faire ses valises.

Cette valse diplomatique n’est qu’un épisode supplémentaire dans les relations houleuses qu’entretiennent depuis des décennies les Etats-Unis et les pays d’Amérique latine. Même si cette fois-ci, l’ombre de la Guerre froide ressurgit plus fortement que d’habitude. Ainsi Moscou a envoyé mercredi deux bombardiers au Venezuela pour qu’ils effectuer des tirs d’entraînement. En novembre prochain, ce sera au tour de la marine russe de procéder à des manœuvres dans les Caraïbes.. Bref, depuis la chute du rideau de fer, on aurait presque oublié l’enjeu stratégique que constitue l’Amérique du Sud. Les événements de cette semaine sont là pour nous rappeler cet enjeu.