Le syndrome du bourbier
16 août 2010Le général Petraeus a jeté le trouble hier lors d'une interview accordée à la chaine américaine NBC. Celui-ci s'est permis de remettre en cause le départ, annoncé par le président Barack Obama lui-même, des troupes américaines d'Afghanistan, un retrait qui devrait débuter en juillet 2011. Le général Petraeus a rappelé que le président Obama l'avait nommé à ce poste car il attendait de lui « ses meilleurs conseils militaires » et qu'en l'occurrence, il ne considérait pas la date de juillet 2011 comme contraignante : "Ce que juillet 2001 signifie c'est que nous devons tous progresser d'ici là, tous les participants, ceux à Kaboul, ceux d'entre nous en uniforme mais aussi nos interlocuteurs civils. Cela dure depuis neuf ans et il y a des préoccupations compréhensibles et parfois aussi des frustrations. C'est pourquoi nous devons vraiment nous retrousser les manches et prouver que des progrès peuvent être achevés au cours de cette année. Et encore une fois, cette date est l'illustration de cette volonté de réussir."
2000 soldats tués
Une déclaration somme toutes prudente, dans laquelle David Petraeus, en fin stratège, a pesé ses mots. La traduction en langage simple étant : si aucun progrès n'est enregistré face au taliban d'ici le mois de juillet prochain, Washington pourrait repousser la date de retrait de ses troupes. Le général Petraeus se réserve donc le droit de dire au président Obama, le cas échéant, qu'un retrait l'été prochain serait prématuré.
Néanmoins, il règne une certaine cacophonie au sommet de l'état américain puisque le secrétaire à la Défense, Robert Gates – le supérieur hiérarchique directe de David Petraeus – a répété que la date de juillet 2011 était « gravée dans le marbre. » En attendant, c'est bien l'image d'un conflit qui s'enlise que la guerre en Afghanistan projette au reste du monde. La barre des 2000 soldats de la coalition internationale tués a été franchie. 2010 devrait d'ailleurs être l'année la plus meurtrière avec déjà 434 soldats tués depuis huit mois. Auxquels il faut ajouter 1 200 civils afghans, victimes de cette guerre au cours du premier semestre.
Auteur : Jean-Michel Bos
Edition : Marie-Ange Pioerron