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Le spectre d'un conflit dévastateur dans l’Ituri

Wendy Bashi
9 mars 2018

La situation ne cesse de se dégrader dans la province de l'Iuri, en RDC. A l'origine un conflit entre Hema et Lendu. Il est aggravé par la présence d'un troisième groupe rwandophone dont l'origine reste à déterminer.

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Image : Getty Images/AFP/J. Wessels

'Il y a aussi des populations du Nord Kivu à la recherche de terres'(Kinyamwanz - MP3-Stereo

Selon le Haut commissariat aux réfugiés (HCR), environ 30.000 ont déjà traversé et près de 20.000 ont fui Djugu pour rejoindre le centre de Bunia. Des milliers de Congolais avaient traversé la frontière avec l'Ouganda et au moins sept personnes sont mortes, noyées dans le lac Albert. Le HCR a averti qu'il ne peut plus faire face à l'urgence humanitaire.

Une des nombreuses causes de ce conflit serait une dispute foncière. Les deux principales communautés présentes en Ituri - les  Hema, qui sont des éleveurs, et les Lendu, des agriculteurs se disputent les terres. A ceci s'ajoute le facteur minier. La région est riche en or. 

Des terres riches et convoitées

Ces terres font également l'objet de convoitise d’autres populations présentes en RDC. Notamment celles en provenance de Rutshuru dans le Nord-Kivu.

"Il y a d'abord une compétition entre ethnies Hema et Lendu au niveau de la région. Mais également une démographie galopante avec des déplacements de populations qui viennent du Nord-Kivu à la recherche de terres arables. Ces dernieres pensent qu'il y a encore des espaces cultivables au niveau de la province de l'Ituri", explique Kinyamwanza Dimanche, le coordinateur régional du Forum des amis de la terre. "Elles traversent la partie zone rouge, le Lubero et Beni, dans cette partie du Nord-Kivu, où on assiste à des massacres. La plupart  parlent kinyarwanda, elles ont des difficultés à parler le swahili qui est la langue la plus parlée dans l'Est. Tout ceci remet en cause leurs origines."

Une délégation gouvermentale dépêchée sur place

La situation inquiète le gouvernement congolais qui a récemment dépêché sur place une forte délégation ayant à sa tête le vice-Premier ministre. 

"D'après les premiers rapports, il ne s'agirait pas d'un conflit interethnique, il s'agit d'une offensive d'un groupe qui n'est pas encore authentifié. Le vice-Premier ministre fait encore ses enquêtes. Ils ont tenté de se faire passer pour un groupe d'agriculteurs Lendu attaquant des éleveurs Hema, mais les Hema eux-mêmes ont reconnu qu'il ne s'agissait pas de leurs voisins Lendu", explique Lambert Mende, porte-parole du gouvernement congolais. "Cela viendrait donc de quelqu'un qui aurait intérêt à mettre de l'huile sur le feu dans la région mais qui a échoué parce que les populations ont compris qu'il y a une manipulation derrière tout cela. Nous attendons la délégation gouvernementale qui doit venir nous faire un rapport à ce sujet."

Le HCR débordé face à l'urgence humanitaire

En attendant le rapport de la délégation gouvernementale, la situation humanitaire ne cesse de s’empirer et devient alarmante, selon le HCR.

"La situation est très inquiétante avec un nouveau conflit qui s'est étendu assez rapidement. Ce que nous savons, c'est qu'il y a des dizaines de milliers de civils qui ont dû se déplacer à l'intérieur de la RDC dans la province de l'Ituri, surtout dans le territoire de Djugu. En plus, il y a plus de 30.000 personnes qui ont fui en traversant le Lac Albert vers l'Ouganda voisin. Nous sommes inquiets face à ces deux situations. C'est inquiétant des deux côtés mais surtout du côté des déplacés internes" a déploré Andreas Kirchhof, le porte Parole du HCR en RDC.

Ce n’est pas la première fois que des conflits de ce type ont lieu dans la région. Les derniers remontent aux années 2000. Pour l’heure, l’Unicef dénonce le recrutement des enfants par des groupes armés, la plupart seraient âgés de moins de 18 ans.