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Le Rwanda veut accueillir des migrants africains de Libye

25 novembre 2017

La récente vente aux enchères des migrants africains en Libye continue de susciter l’émoi. Face à cela, le gouvernement Rwandais se dit prêt à accueillir, sur son territoire, au moins 30.000 d’entre eux.

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Präsident Ruanda Paul Kagame
Image : Imago/Zumapress/E. Contini

Le Rwanda veut accueillir des migrants africains maltraités en Libye - MP3-Stereo

L’annonce a été faite par la chef de la diplomatie rwandaise, Louise Mushikiwabo. "Le Rwanda discute actuellement pour voir comment il peut aider à accueillir des migrants prisonniers en Libye", a-t-elle promis, au micro de nos confrères de l’Agence France-Presse. La décision d’accueillir ces migrants a été prise, après la diffusion le 14 novembre dernier, par la chaîne de télévision américaine CNN, d'images choquantes qui montraient "un marché aux esclaves". On pouvait y voir, des migrants africains vendus aux enchères.

"Etant donné la philosophie politique du Rwanda et notre propre histoire, nous ne pouvons pas rester silencieux quand des êtres humains sont maltraités et vendus aux enchères comme du bétail", a expliqué Louise Mushikiwabo qui fait aussi office de porte-parole du gouvernement rwandais.

Frank Habineza, a été candidat  des "Verts", à l’élection présidentielle d’août 2017.
Frank Habineza, a été candidat des "Verts", à l’élection présidentielle d’août 2017.Image : Reuters/C. Uwiringiyimana

Selon Frank Habineza, qui représenté son parti, les Verts, à l’élection présidentielle d’août dernier au Rwanda, "C’est une bonne chose d’accueillir les migrants parce que le Rwanda accueille beaucoup de migrants, beaucoup de refugiés du Congo, du Burundi." Selon lui les problémes seraient tout de même nombreux. "Mais je pense qu’on va travailler ensemble avec le HCR qui va nous aider. On va aussi chercher le soutien des autres organismes internationaux qui vont nous aider. S’ils trouvent une place pour dormir et quelque chose pour manger, le reste viendra ensuite", estime Frank Habineza.

Initiative critiquée par l’opposition

Comme on pouvait s’y attendre, l’annonce des autorités rwandaises n’est pas bien accueillie par les opposants en exil. "Vu la situation du Rwanda où la pauvreté est connue de tout le monde, malgré tout ce qu’on peut annoncer au grand public, vu la situation politique de la dictature qui nous empêche, nous-mêmes citoyens rwandais, de rentrer dans notre pays - et Kagame veut bien les prendre ! Il a sa compagnie qui tombe en faillite, Rwanda Air. Il trouve lui, du business. Ce n’est pas vraiment parce qu’il veut faire du bien à ces gens là", s’est plaint l’Abbé Thomas Nahimana, qui  a été investi par le parti Ishema à la dernière élection présidentielle au Rwanda, avant d’être empêché d’atterrir à Kigali, en avril dernier.

Des migrants africains assis dans une base de la marine libyenne à tripoli en mai 2015.
Des migrants africains assis dans une base de la marine libyenne à tripoli en mai 2015.Image : picture-alliance/dpa

Le modèle économique rwandais est pris en exemple mais les doutes persistent quant à la capacité de ce pays à prendre en charge ces 30.000 migrants rapatriés depuis la Libye.

Une arrivée qui pourrait aussi accroître les tensions sociales dans un pays déjà caractérisé par des inégalités entre la majorité Hutu et la minorité tutsie au pouvoir. Celle-ci a été la plus grande victime en 1994 d'un génocide qui a fait au moins 800.000 morts.

Depuis la diffusion de la vidéo sur le marché aux escalves, un premier groupe de 25 migrants, 15 femmes, six hommes et quatre enfants ont été évacué en direction du Niger. Selon des informations confirmées par nos confrères du journal Français, le Figaro, Paris devrait les accueillir au plus tard en janvier 2018. "L’enjeu maintenant est que d’autres pays, Européens, Américains, Canadiens, se joignent à cette démarche", a souhaité Pascal Brice, le Directeur Général de l’OFPRA, l’Office français de protection des refugiés, cité toujours par le Figaro.

Photo de Eric Topona Mocnga
Eric Topona Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleETopona