Le regard des habitants de Kunduz sur l'engagement allemand en Afghanistan
3 décembre 2009La province de Kunduz dans le nord du pays, a longtemps été épargnée par les combats, car le coeur de l'insurrection se trouve au sud de l'Afghanistan. Mais depuis deux ans, les militants islamistes gagnent du terrain, et selon le gouverneur de la province, Mohammas Omar, c'est à cause de l'armée allemande :
"Le commandement change tous les six mois. Certains prennent des initiatives, d’autres sont plus discrets, d’autres encore sont carrément inactifs."
Les soldats allemands n'oseraient pas s'engager dans des combats avec les extrémistes, par crainte de conséquences politiques en Allemagne, soutient le gouverneur. Un avis que partagent de nombreux Afghans. Pour Habidullah, professeur à Kunduz, le plus important est que la sécurité soit garantie :
"Peu importe le nombre de soldats, s’ils n’assurent pas la protection de la population."
L'armée allemande est stationnée dans la province depuis 2006, dans le cadre de la force internationale menée par l'Otan. La prolongation de leur mandat réjouit Habiba Urfan, vice-présidente de l'assemblée provinciale, qui approuve la stratégie de Barack Obama et de l'Otan :
"Nous avons besoin des Allemands jusqu’à ce que les Afghans soient capables d’assurer eux-mêmes la sécurité."
C'est aussi ce que pense Yousif, il est commerçant à Kunduz :
"Les troupes étrangères doivent rester en attendant que nos soldats et nos policiers puissent affronter seuls les Talibans."
Depuis leur défaite en 2001, les Taliban n'ont jamais vraiment quitté la région. En septembre dernier, une attaque aérienne de l'armée allemande a fait de nombreux morts, dont 142 civils. Une bavure lourde de conséquence en Allemagne : l'ancien ministre de la Défense a récemment démissionné. Mais ici, on accuse surtout les Talibans. Habidullah regrette les conséquences politiques en Allemagne :
"Il n’aurait pas dû y avoir ces démissions, car maintenant, les soldats allemands ne combattront plus du tout. Leurs officiers ne voudront plus s’engager dans des combats."
Concernant l'envoi de troupes supplémentaires, le gouvernement allemand veut attendre fin janvier avant de prendre une décision. Mais selon la presse allemande, 2000 à 2500 soldats pourraient être envoyés en renfort.Auteurs : Aline Ranaïvoson, Sabine Matthay
Rédaction : Anne Le Touzé