Le raid
1 février 2013Le raid aérien israélien illustre pourtant de manière saisissante le risque d'escalade dangereuse de ce conflit pour la région, analyse la Frankfurter Allgemeine Zeitung. On peut pourtant se demander pourquoi l'état hébreu intervient de cette manière dans un dossier aussi complexe et délicat. L'explication la plus plausible est que Tel Aviv veut empêcher le Hezbollah, son ennemi juré, de tirer quelque avantage qui soit du chaos qui règne en Syrie.
Guerre ou pas guerre, les limites sont plutôt floues au Proche-Orient, estime die Welt. Selon Moscou, le raid aérien d'Israël en Syrie visait un convoi transportant des missiles sol-air russes SA 17. Pour l'état hébreu, ces armes sont dangereuses, car elles remettent en cause sa suprématie aérienne au-dessus des territoires contrôlés par le Hezbollah. Pour Damas, ce raid israélien visait des installations militaires. Qu'en est-il vraiment ? On l'ignore encore. Pour Israël apparemment, le conflit syrien a franchi la ligne rouge au-delà de laquelle, si rien ne se passe, tout peut arriver.
Entre Israël et la Syrie, la guerre existe depuis 40 ans, rappelle la Süddeutsche Zeitung. En l'absence de traité de paix, l'animosité qui lie ces deux voisins reste vivace et la trêve, fragile. Avec ce raid, Israël démontre qu'il suit la situation de très près et n'hésite pas à réagir. Cette intervention militaire ne sera pas sans doute pas la dernière. Plus la chute du régime d'Assad deviendra vraisemblable, plus le Hezbollah s'efforcera de récupérer le plus d'armes possibles en Syrie. L'état hébreu ne le tolèrera pas. Ce combat-là ne fait que commencer.
À peine réélu, Benjamin Netanhyahu joue avec le feu, lance die tageszeitung. Mais s'il n'a pas besoin de confirmer ce raid pour se poser en homme politique dur et déterminé sur le plan intérieur, cette attaque lui permet de démontrer sa capacité d'action vis-à-vis de l'extérieur. Aujourd'hui, le Hezbollah et la Syrie. Et demain, peut-être l'Iran ? On comprend bien que l'état hébreu se sente mal à l'aise à l'idée que son ennemi, lors de leur prochain affrontement, dispose alors d'un armement sophistiqué. Mais tous ceux qui se taisent aujourd'hui, que ce soit à Washington ou à Bruxelles, devraient se sentir tout aussi mal à l'aise, conclut le quotidien de Berlin.
Auteur : Christophe Lascombes
Édition : Yann Durand