1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Le Raïs aux abois

31 janvier 2011

En nommant à la tête de l'Etat deux hauts gradés, le président égyptien Hosni Moubarak donne l'impression qu'il garde la main mais dans les faits, l'armée est sans doute en mesure de se débarrasser de lui.

https://p.dw.com/p/Qx3b
Des manifestants brandissent le portrait d'Hosni Moubarak en réclamant son départ
Des manifestants brandissent le portrait d'Hosni Moubarak en réclamant son départImage : dapd

Entre Hosni Moubarak et l'armée, le rapport de forces est désormais favorable à cette dernière. Le président égyptien a été contraint de nommer samedi deux haut-gradés à la tête de l'appareil politique. Omar Souleiman, 74 ans, le chef des Moukhabarat, les très redoutés services secrets égyptiens, devient vice-président. L'ancien général de l'armée de l'air, Ahmed Chafik, 69 ans, est nommé Premier ministre. Enfin, le nouveau ministre de l'Intérieur, nommé lundi, est le général Mahmoud Wagdy.

La première conséquence est que cette sorte d'auto-coup d'Etat, orchestré plus ou moins par le président égyptien, met un terme à ses rêves dynastiques : son fils cadet, Gamal Moubarak, ne sera pas son successeur. Dans ces conditions, est-ce que l'armée pourrait poursuivre jusqu'au bout en destituant Hosni Moubarak ? L'ancien général égyptien Talat Mussalam considère cette hypothèse comme possible : « Le rôle de l'armée est en premier lieu de préserver l'ordre public et en aucun cas de soutenir une force politique en particulier. Les événements de ces derniers jours ont montré que les forces armées ne suivent pas à la lettre les ordres des dirigeants politiques. C'est pourquoi je ne crois pas que l'armée va continuer à soutenir le président Moubarak. »

Le président égyptien a nommé le général Mahmoud Wagdy, au poste de Ministre de l'Intérieur
Le président égyptien a nommé le général Mahmoud Wagdy au poste de Ministre de l'IntérieurImage : dapd

Un milliard de dollars

Mais la position de l'armée égyptienne est ambigüe. D'un côté, l'armée est populaire : la population a confiance en elle, beaucoup plus que dans les forces de police qu’elle considère corrompues. Mais la situation est plus complexe. L'armée égyptienne mène un grand train de vie. Depuis les accords de Camp David en 1979, elle perçoit un milliard de dollars par an des Etats-Unis en échange de sa passivité face à Israël.

L'armée n'a donc pas intérêt à ce que le système s'écroule. Les généraux ont désormais assez de pouvoir pour se débarrasser d'Hosni Moubarak mais ils ne le feront que si c’est nécessaire. C’est-à-dire pour ne pas souiller la réputation de l’armée en participant à une répression sanglante.

Auteur : Jean-Michel Bos

Edition : Marie-Ange Pieorron