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Erdogan se sent insulté par un humoriste allemand

Philippe Pognan12 avril 2016

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a déposé une plainte pour diffamation devant un tribunal allemand contre l'humoriste allemand Jan Böhmermann.

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Bildkombo NEU
L'humour de Jan Böhmermann(à g.) n'est pas du tout apprécié par Recep Tayyip Erdogan (à dr.)Image : picture-alliance/dpa/B. Pedersen Getty Images/AFP

Dans son émission du 31 mars à la télévision publique ZDF, Jan Böhmermann a lu un "poème" contenant des allusions sexuelles, pédophiles et zoophiles. Il accusait aussi Recep Tayyip Erdogan de réprimer les minorités et de maltraiter les Kurdes et Chrétiens dans son pays. Avant de lire son texte, Jan Böhmermann avait expliqué vouloir donner un exemple de "critique injurieuse" et interdite et défendre la liberté de création et d'opinion. En Allemagne la législation comporte un paragraphe réglant les injures faites à un Chef d'Etat étranger, le paragraphe 103.

Screenshot Jan Böhmermann in ZDF Neo Magazin Royale rezitiert Gedicht über Erdogan
Jan Böhmermann en train de lire son pamphlet anti-Erdogan lors de son émission "ZDF Neo Magazin Royale" (31.03.2016)Image : ZDF Neo Magazin Royale

"Le paragraphe 103 du Code pénal allemand, qui protège en particulier l'honneur des chefs d'Etat étrangers est désuet, superflu et ridicule; ce paragraphe conserve encore les vestiges du crime de lèse-majesté !" C'est ainsi que commence l'article de la Süddeutsche Zeitung sur le sujet: "Que faire de ce paragraphe? " s'interroge l'éditorialiste et donne lui-même la réponse: "Le supprimer naturellement! Mais aussi longtemp qu'il existe, on doit l'appliquer. Certes, nombreux sont ceux qui, face à la politique quasi-dictatoriale du président turc, estiment que Reccep Tayip Erdoğan mérite d'être injurié. Une pensée peut-être juste, mais pas juridique, souligne le quotidien de Munich. Dans un Etat de droit, ce n'est pas un président, ce n'est pas une chancelière ou des journalistes qui ont à juger si un délit a été commis, mais ce sont des juges indépendants! Et la Süddeutsche conclut : "Ils ont déjà éclairci des choses plus compliquées que le cas Böhmermann !"

"Tout ce théâtre autour du clown de la télévision Jan Böhmermann est devenu une affaire d'Etat," relève la Nordwest-Zeitung et désigne qui en est responsable : "Que l'on en soit arrivé là est dû à une faute de la chancelière: elle n'aurait jamais dû appeler le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu, elle n'aurait jamais dû se laisser prendre dans l'engrenage de cette affaire.", conclut le quotidien régional d'Oldenbourg dans le nord-ouest de l'Allemagne…

Bild-Kombo Böhmermann Merkel Erdogan
Une affaire d'Etat, dans laquelle la chancelière Angela Merkel (au centre) est entraînée malgré elle

Autre thème : la Syrie

Un thème qui ne faisait plus les gros titres des premières pages ces dernières semaines.

La Frankfurter Allgemeine Zeitung se penche sur les manoeuvres diplomatiques de Moscou et de Damas : "Vladimir Poutine a laissé comprendre à Bachar al Assad, qu'il ne se lancerait pas pour lui à la reconquête de tout le pays; cela serait contraire à la croisade publique du Kremlin contre les changements de régime imposés de l'extérieur, mais jusqu'ici le président russe n'a pas laissé tomber pour autant son homologue et allié syrien. C'est pourquoi on ne doit pas prendre au mot l'assurance du régime Damas qui s'affirme disposé à des négociations de paix sans condition. Assad ne se laissera pas dérober son pouvoir à Genève aussi longtemps qu'il a les meilleures cartes sur le plan militaire. Le quotidien de Francfort conclut que l‘opposition a le choix, soit de passer un compromis avec le régime, soit de reprendre le combat dans une position de faiblesse... "

Russland Syrien Assad bei Putin
Deux alliés par vents et tempêtes: le président syrien Bachar al Assad (à g.) et le président russe Vladimir PoutineImage : Reuters/RIA Novosti/Kremlin/A. Druzhinin