Le pouvoir syrien fait le choix du sang
26 avril 2011L'attaque de la ville de Derra prouve qu'il n'y a plus un seul doute sur ce point : le pouvoir syrien a tiré sa propre conclusion des révoltes tunisienne et égyptienne, à savoir que seule la force peut permettre à la famille Assad de se maintenir au pouvoir et prolonger un règne qui dure depuis quarante ans. Cette répression laisse aussi s'envoler l'espoir que le président Bachar el-Assad, qui a fait ses études en Angleterre et dont la femme possède un passeport britannique, puisse réformer l'état policier qu'il a hérité de son père.
Car aujourd'hui, Bachar el-Assad semble n'avoir plus le choix et sans doute ne contrôle-t-il déjà plus l'armée qui semble lui dicter ses actes. Une armée dominée par la communauté alaouite, une minorité musulmane chiite à laquelle appartient la famille Assad, et qui sait que son sort est lié à cette famille.
Mosaïque syrienne
Car contrairement à la Tunisie et l'Egypte, l'armée sait qu'elle ne peut se désolidariser du clan Assad. Pour la simple raison que les officiers sont en très grande majorité issue de cette communauté musulmane alaouite, alors que la population est à une écrasante majorité – près de 80% – de confession musulmane sunnite.
C'est d'ailleurs la complexité de la mosaïque syrienne qui rend les Occidentaux hésitants. Certes, les sanctions annoncées par les Etats-Unis et les Européens sont en train de se mettre en place car les atteintes aux droits humains sont trop flagrantes. Mais la chute de la famille Assad pourrait conduire à l'implosion d'un pays divisé en de multiples groupes ethniques et religieux. Un désordre qui pourrait alors se transmettre au Liban qui reste un pays satellite de Damas. Enfin – et ce n'est pas le moindre des soucis à Washington – les sanctions économiques risquent également de cabrer le régime syrien qui pourrait alors choisir de renforcer les liens déjà solides qu'il entretient avec l'Iran.
Auteur : Jean-Michel Bos
Edition : Maire-Ange Pieorron