Le pouvoir, ce fruit tant désiré...
18 janvier 2011En Allemagne d'abord, la Ministre fédérale de l'Agriculture semble avoir été rappelée à l'ordre par la chancelière, estime la Süddeutsche Zeitung. En réclamant des têtes, madame Aigner montre seulement que ses nerfs ont flanché. Au lieu de faire son autocritique, elle tire dans tous les sens. Comme une écolière qui oublie de faire ses devoirs et qui tente de détourner l'attention en dénonçant ses camarades.
Au contraire, estime la Frankfurter Rundschau. Pourquoi reprocher à madame Aigner de donner les noms des responsables sous le prétexte que c'est politiquement maladroit ? Lui réclamer plus de contrôles est hypocrite tant que son ministère ne disposera pas des pouvoirs correspondants. Au lieu de renforcer la ministre, la coalition de madame Merkel donne l'impression de placer les intérêts du parti au-dessus de la morale et ce, alors que 2011 verra sept élections régionales en Allemagne.
Les dictatures sous les feux de l'actualité
En politique internationale cette fois, la Frankfurter Allgemeine Zeitung revient sur la Tunisie et les éventuelles conséquences des manifestations pour la région. Le changement de régime à Tunis n'aura pas forcément un effet de domino sur les monarchies de la péninsule arabique qui ne sont pas remises en question par leurs populations. Mais l'étincelle de la protestation pourrait bien mettre le feu aux poudres en Algérie, où les militaires ont réprimé dans le sang les manifestations en 1988. Ou bien en Égypte où le fossé entre riches et pauvres ne cesse de se creuser. Voire en Iran, où le mouvement démocratique réprimé à l'été 2009 attend désormais son heure dans l'ombre.
Die Welt s'indigne du retour en Haïti du dictateur Duvallier. Il dit être revenu pour aider ! C'est une insulte à la mémoire des 30 000 victimes de cette dictature duvaliériste que personne n'a oubliée. La place de Baby Doc n'est pas au Parlement, ni au palais présidentiel, mais sur le banc des accusés. Comme Ben Ali, ce dictateur dont le courageux peuple tunisien s'est débarrassé.Même diagnostic pour la Tageszeitung, de Berlin. La présidence d'André Préval se termine dans trois semaines. Personne ne sait encore qui va lui succéder. Baby Doc a bien calculé son moment pour revenir d'exil. Si on le jetait en prison, ce qu'il a amplement mérité, cela suffirait pour pousser ses partisans à mettre le feu aux poudres. Ce n'est pas un hasard si l'ancien dictateur est revenu le jour même où le second tour de l'élection présidentielle aurait dû avoir lieu.
Auteur : Christophe Lascombes
Édition : Marie-Ange Pierron