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Le populisme qui venait du nord

19 avril 2011

La percée du parti populiste des Vrais Finlandais lors des législatives inquiète les autres Etats européens. Sous la pression de ce parti, le futur gouvernement pourrait bien remettre en cause l'aide au Portugal.

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Timo Soini, le visage des Vrais FinlandaisImage : dapd

« L'avertissement venu du nord-est » titre la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Le succès des Vrais Finlandais bouscule profondément le paysage politique à Helsinki. Ses complications vont tenir en haleine les Européens. Car le parti de Timo Soini ne tient pas du tout à venir au secours des pays très endettés de la zone euro. Arrivés troisièmes d'une élection marquée par l'effondrement du centre et le succès spectaculaire des eurosceptiques, les Vrais Finlandais peuvent entrer au gouvernement. Même les sociaux-démocrates, qui ne sont pas favorables au plan de sauvetage européen, s'imaginent assez bien former une coalition avec eux.

Finnland Wahlen Ministerpräsidentin Mari Kiviniemi
Un sérieux revers politique pour le Premier ministre centriste Mari KiviniemiImage : dapd

Pour la tageszeitung, le résultat des législatives finlandaises représente le glissement politique le plus vaste observé dans le pays depuis l'après-guerre. Et cela prouve à quel point les gens sont désorientés, et comme ils se sentent abandonnés par les partis actuels. Le populisme politique a une longue tradition en Finlande, mais cette fois, avec Timo Soini, ils ont pu s'appuyer sur un leader charismatique. Et capitaliser sur un thème également porteur pour d'autres partis européens comparables : les immigrés. Et le fait que leur nombre est quasiment négligeable en Finlande n'y change rien.

Parlament in Helsinki Finnland
Les Vrais Finlandais contrôlent désormais 39 des 200 sièges du ParlementImage : Fotolia/Sammy

La Frankfurter Rundschau relativise cette percée des populistes. Malgré toute l'inquiétude qui a été exprimée autour de ce vote, les Finlandais sont un peuple qui aime le consensus. Soini sait qu'il ne peut pas se permettre de déclencher une crise européenne. S'il y a un refus d'Helsinki, il pourra être contourné par un compromis, d'une manière ou d'une autre. Mais cela ne change rien au sérieux de l'avertissement : lorsque l'un des pays les plus riches d'Europe ne veut pas participer au plan de sauvetage, d'autres ne vont pas manquer de se demander pourquoi ils doivent supporter le poids de la mauvaise gestion de leurs voisins.

Enfin, pour la Süddeutsche Zeitung, c'est tout le projet européen qui est remis en question par celui qui se désigne lui-même comme un populiste. Et il n'est pas le seul : il existe des courants similaires dans de nombreux autres pays. Les problèmes de la Finlande sont aussi les problèmes de l'Europe. Et c'est cela le plus inquiétant.

Auteur : Sébastien Martineau
Edition : Elisabeth Cadot