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« Le plus bel enfant du traité de l'Élysée »

Julia Elvers-Guyot / Julien Méchaussie17 janvier 2013

L'Office franco-allemand pour la Jeunesse est indissociable du traité de l'Élysée. Depuis 50 ans, il encourage les rencontres entre jeunes allemands et français. Aujourd'hui, les échanges sont élargis à d'autres pays.

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Image : picture-alliance/dpa

Six mois à peine après la signature du traité de l’Élysée naît une institution volontiers qualifiée de « plus bel enfant du traité ». C’est le 5 juillet 1963 que voit le jour l’Office franco-allemand pour la Jeunesse (OFAJ), avec pour objectif « d’encourager les relations entre les jeunes Allemands et Français ». La mission de l’OFAJ consiste à « resserrer les liens qui unissent les jeunes des deux pays, renforcer leur compréhension mutuelle et, à cet effet, de provoquer, d’encourager et, le cas échéant, de réaliser des rencontres et des échanges de jeunes. »

Markus Ingenlath, secrétaire général de l'OFAJ depuis janvier 2012
Markus Ingenlath, secrétaire général de l'OFAJ depuis janvier 2012Image : picture-alliance/dpa

Ces mots issus de l'accord officiel ont une résonance quelque désuète. Mais l'OFAJ a réussi à leur donner vie : « Depuis 1963, huit millions de jeunes Français se sont rendus en Allemagne et inversement, leur permettant de vivre une expérience d’échanges », souligne Markus Ingenlath, Secrétaire Général de l’OFAJ. De concert avec plus de 7000 partenaires comme des écoles, des universités, des associations ou encore des comités de jumelage, l’OFAJ encourage entre autres des cours de langue, des échanges entre écoliers, apprentis et étudiants, des stages à l'étranger, des échanges professionnels ou encore des projets culturels.

Nouveaux groupes cibles

Un nouveau programme phare est, selon Markus Ingenlath, le projet « Clichy-sous-Bois à la rencontre de Neukölln ». Ce dernier a été lancé à la suite des émeutes urbaines survenues en 2005 dans les banlieues parisiennes et de la dénonciation publique des problèmes de violences de la part des professeurs de l'école Rütli, située dans le quartier berlinois de Neukölln. « Nous avons fait ce constat : les jeunes issus de l’immigration sont confrontés à des problèmes semblables dans les grandes villes allemandes et françaises. Il est donc de notre devoir de mieux soutenir ces jeunes défavorisés et de leur ouvrir également les portes d’un échange », précise Markus Ingenlath.

Des jeunes du projet « Clichy-sous-Bois rencontre Neukölln »
Des jeunes du projet « Clichy-sous-Bois rencontre Neukölln »Image : Boris Bocheinski

Source d'inspiration pour la réconciliation

Chaque année, environ 200 000 jeunes participent à des programmes placés sous l’égide de l’OFAJ. Des programmes qui dépassent depuis longtemps le cadre de l’échange bilatéral : dès 1976, l’Office pour la Jeunesse ouvre ses programmes aux jeunes d'autres pays de l’ancienne Communauté européenne. A partir de 1991, il encourage de manière croissante les échanges avec les pays de l'Europe centrale et de l'Europe de l’est, mais également avec les pays du Maghreb. Depuis l'an 2000, des programmes similaires ont été mis en place en Europe du sud-est.

« Il est certes important pour l’Allemagne et la France que chaque nouvelle génération soit amenée à mieux connaître l’autre, mais une relation qui tournerait seulement autour d’elle-même est à terme vouée à l’échec », affirme Markus Ingenlath. Les rencontres trinationales doivent permettre de transposer l’expérience du travail de réconciliation franco-allemand à d’autres pays. Pour le Secrétaire Général de l’OFAJ, « les séminaires que nous proposons, par exemple en Bosnie-Herzégovine, au Kosovo ou en Serbie, peuvent en effet servir de source d’inspiration pour la réconciliation ».

Frank Morawietz est le chargé de mission au sein de l’OFAJ pour l’Europe du sud-est. Il ne pense pas que la réconciliation franco-allemande constitue un modèle qui puisse être « copié-collé » en Europe du sud-est : « Les différences historiques et géopolitiques sont tout simplement trop importantes. Pourtant, elle reste une très forte source d'inspiration. C’est une partie de l'histoire européenne qui donne du courage de manière tout à fait explicite. »

« Victime de son succès »

Une affiche de promotion des échanges avec l'Allemagne
Une affiche de promotion des échanges avec l'AllemagneImage : Roberto Velazco Davalos

L’OFAJ se présente lui-même comme« victime de son succès » : la demande dépasse depuis bien longtemps l’offre. En 2011, des demandes de projets d'un montant total de trois millions d’euros n'ont pas pu être réalisées. Le budget 2012 s’élève à 20,8 millions d'euros, financé à parts égales par les gouvernements allemand et français.

Le secrétaire général de l’OFAJ compte sur une augmentation du budget. « Malgré l’accroissement constant de nos coûts de fonctionnement, nous n’avons bénéficié depuis 1963 pratiquement d'aucune hausse de moyens ni même de rattrapage de l'inflation. » Markus Ingenlath espère que les choses vont changer avec l'anniversaire du traité de l'Élysée et de l'Office franco-allemand pour la Jeunesse : « Nous sommes confiants dans le fait que la politique reconnaisse l'importance d’un échange dynamique au sein de la société civile au cours des prochaines décennies, surtout en cette période de crise européenne. C’est le message qui doit ressortir de ce cinquantième anniversaire. »