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"Le Parfum" au cinéma

Carine Debrabandère14 septembre 2006

Sortie aujourd'hui du "Parfum", le film tiré du best-seller de Patrick Süskind. L’histoire fascinante et effrayante d’un tueur en série doté d’un sens olfactif exceptionnel. Succès assuré!

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Le tournage du film de Tom Tykwer à Barcelone
Le tournage du film de Tom Tykwer à BarceloneImage : picture-alliance / dpa

Des images choc autour d’un génie du mal. Vingt et un ans après la sortie du « Parfum » de l’Allemand Patrick Süskind, voici la version cinéma de ce livre culte traduit en quarante-cinq langues. Les plus grands noms de Hollywood avaient tenté de mettre en images cette histoire démoniaque d’un parfumeur génial doublé d’un serial killer, dans la France du 18e siècle. Mais c’est finalement un producteur allemand, Bernd Eichinger, qui en a acquis les droits et qui en a confié la réalisation au cinéaste berlinois Tom Tykwer, auteur notamment de « Cours, Lola, cours » comédie amoureuse sur fond de hold-up mal embouché - l’un des rares films allemands à avoir conquis l’Amérique ces dernières années. Tom Tykwer sur Grenouille, le personnage principal du « Parfum » :

« Le problème de Grenouille, c’est qu’il ne connaît rien aux relations humaines. La première fois qu’il rencontre une fille, c’est la catastrophe, un traumatisme qui le poursuivra tout au long de sa vie. Voilà l’idée principale de cette histoire, un problème qui interpelle tout le monde. La richesse du livre - et du film – consiste dans le fait que le personnage principal n’est pas seulement un criminel doué d’un sens olfactif inimaginable, mais bien un homme terriblement seul – des caractéristiques essentielles pour créer un véritable héros de littérature - ou de cinéma. »

Nous sommes à Paris, en 1738. Bâtard mal-aimé, Jean-Baptiste Grenouille naît dans la fange de la halle aux poissons. Les odeurs nauséabondes semblent pourtant intéresser le nouveau-né qui connaîtra un destin aussi fascinant qu'effrayant. Enfant solitaire, malade, il devient un jeune homme à part grâce à un don unique : son odorat. Il parvient à se faire embaucher comme apprenti chez Monsieur Baldini, maître parfumeur - joué par le génial Dustin Hofmann. Grenouille découvre alors les les secrets de la fabrication des parfums. Son objectif ultime deviendra vite la mise au point de la fragrance idéale, celle qui lui permettrait de séduire instantanément tous ceux qui croiseraient son sillage. Grenouille est irrésistiblement attiré par l’odeur naturelle des jeunes filles. Il se transforme en tueur en série pour créer le parfum absolu. Un personnage repoussant, auquel pourtant le spectateur s’attache, car il est question principalement de solitude, selon Tom Tykwer :

« Grenouille vit un conflit vieux comme le monde : il n’est pas en mesure de communiquer normalement avec les gens, il n’arrive pas du tout à mettre en valeur ses talents. C’est cet aspect de sa personnalité qui est très proche de la nôtre: les gens d’aujourd’hui souffrent souvent de trop devoir se vendre pour attirer l’attention d’autrui, d’en rajouter toujours un peu pour se faire valoir auprès des autres. »

Jean-Baptiste Grenouille est campé par l’acteur de théâtre britannique Ben Whishaw qui lui donne toute la profondeur du désespoir, mais qui ne rend peut-être pas assez l’aspect démoniaque qui ressortait du personnage du livre de Patrick Süskind. D’autre part, il a été visiblement très difficile pour Tom Tykwer de rendre la passion des odeurs, l’exaltation de l'exhalaison en quelque sorte, qui ne passe pas comme dans le livre. Rendons hommage quand même aux images opulentes qui reproduisent fort bien la saleté et la brutalité du Paris du Siècle des Lumières. « Le Parfum » est une super-production qui a coûté la bagatelle de 50 millions d’euro. Sans compter la somme contre laquelle Patrick Süskind a cédé les droits, qui reste elle, un mystère. Sortie européenne, notamment en France, le 4 octobre prochain.