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Le pétrole iranien au coeur de la crise

Anne Le Touzé20 avril 2006

La crise du nucléaire iranien fait s’envoler les cours du pétrole. Une flambée accentuée par les difficultés de la communauté internationale à s’accorder face aux ambitions de Téhéran. D’un côté, les Etats-Unis, partisans de la ligne dure et qui n’excluent ni des sanctions ni une intervention militaire contre l’Iran. De l’autre, la Russie et la Chine, qui souhaitent toujours résoudre le conflit par la voie diplomatique. Au milieu, les Européens. Ce matin, la presse allemande revient sur la rencontre des cinq membres permanents du conseil de sécurité et de l’Allemagne, mardi à Moscou. Une rencontre qui n’a pas abouti à de grandes nouveautés.

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Image : AP

Die Welt estime que le temps de la diplomatie n’est pas encore révolu pour la communauté internationale. La Russie peut encore expliquer ce qu’elle entend par « négociations » avec l’Iran. La Chine peut tenter de faire plier Téhéran, parce qu’elle n’a pas non plus intérêt à voir émerger une nouvelle puissance nucléaire. Quant aux Etats-Unis et à l’Europe, ils peuvent encore essayer de rallier Moscou et Pékin à leur cause. Si au bout du compte, conclut le journal, Téhéran ne cède pas, si les puissances n’arrivent pas à mettre d’accord, il restera encore la sanction. Dans tous les sens du terme.

Prudence, prévient la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Attaquer l’Iran serait pour les Américains une autre paire de manche que le renversement de Saddam Hussein en 2003. Téhéran dispose de meilleurs outils de défense contre une frappe américaine : d’abord, et pas le moindre, la situation en Irak, talon d’Achille de Washington. Ensuite, la possibilité de riposte grâce à un arsenal développé, et sur le plan politique, le soutien de trois puissances : la Russie, la Chine et l’Inde, qui souhaitent poursuivre leur coopération commerciale avec l’Iran.

Pour la Frankfurter Rundschau, la crise actuelle cache en réalité une lutte de pouvoir pour la région du Golfe persique. Le vrai sujet, écrit le journal, n’est pas tant le risque nucléaire que le contrôle sur les stocks de pétrole et les routes d’approvisionnement. Les Etats-Unis, qui sont le plus gros consommateur d’énergie au monde, importent 60% de leurs besoins, dont dix proviennent du Proche-Orient. L’Iran possède, après l’Arabie Saoudite, les stocks de pétrole les plus importants, c’est donc un pays stratégique pour Washington.

Le monde, regrette la Süddeutsche Zeitung, n’a pas tiré les leçons du désastre irakien. Actuellement, Téhéran reçoit en permanence des signaux contradictoires. Ce qui conforte le régime dans sa lancée et lui permet de poursuivre l’enrichissement d’uranium, refuser les contrôles de l’AIEA et menacer Israël de le rayer de la carte. En toute impunité, puisque le conseil de sécurité est paralysé. Les pays qui comme l’Iran, narguent la communauté internationale, ou qui comme le Soudan, laissent assassiner leurs propres citoyens, ces pays, conclut la SZ, n’ont toujours aucun souci à se faire.