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Le Nigeria courtisé par l'Allemagne

20 avril 2012

Goodluck Jonathan a rencontré la chancelière Angela Merkel. Les deux dirigeants ont décidé à Berlin d'intensifier leurs partenariats économique et énergétique, et de renforcer la lutte contre le terrorisme de Boko Haram.

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Goodluck Jonathan et Angela MerkelImage : Reuters

Côté coopération économique, il y a du mieux. En 2010, l'Allemagne ne représentait que 2% des échanges du Nigeria avec ses partenaires européens. En 2011, le commerce entre les deux pays atteignait les 40%.

Mais les deux dirigeants misent surtout sur un renforcement de leur coopération énergétique. Le Nigeria, géant gazier et pétrolier, intéresse les investisseurs allemands. En contrepartie, la République fédérale pourrait contribuer à un meilleur approvisionnement en électricité des Nigérians. Angela Merkel déclarait jeudi :

« Notre partenariat économique a encore un grand potentiel de développement.  Et le Nigeria attend bien sûr de l'Allemagne l'établissement d'un échange équilibré. »

Öl Ölförderung Nigerdelta Niger Nigeria
Le Nigeria, deuxième puissance économique du continent africain, grâce à ses richesses naturellesImage : picture-alliance/dpa

Un échange qui profite aux deux parties, donc. L'Allemagne, grand constructeur automobile, a besoin de pétrole, et du pétrole, le Nigeria en a. Le chef de l'Etat nigérian, Goodluck Jonathan, a ainsi souligné les potentiels économiques des gisements de son pays, et leur attrait pour les investisseurs étrangers :

« Nous avions autrefois des gouvernements militaires. La législation pouvait changer du jour au lendemain. Mais notre environnement politique et démocratique est désormais stable. Tous les observateurs des scrutins organisés depuis 1998-99 attestent de cette stabilité. »

Une stabilité toutefois relative au regard des mouvements de contestation dans le delta du Niger et surtout des violences répétées de la secte islamiste de Boko Haram ces derniers mois, dans le nord du pays.

Pas de quoi effrayer les investisseurs, réplique le président nigérian, qui explique qu'une fois la première surprise passée, l'Etat a su instaurer un dialogue avec les responsables religieux et traditionnels locaux, qui permettra de contrer la secte. Bref, la situation serait « sous contrôle ». Et l'argument a fait mouche auprès d'Angela Merkel. La chancelière s'est dite « impressionnée » par le volontarisme de son invité.

Polizeiposten in Millionenstadt Kano, Nordnigeria
Sécurité renforcées, ici à Kano, dans le nord du NigeriaImage : Katrin Gänsler

L'Allemagne pourrait contribuer à la lutte contre le terrorisme en formant et en équipant les forces de sécurité nigérianes. Angela Merkel n'a rien promis, si ce n'est que le thème serait abordé au sein d'une commission binationale, créée en 2011 et qui siège actuellement pour la première fois. Destinée à faire le point sur les besoins du Nigeria en matière d'aide internationale, ses champs d'activités iront des partenariats énergétique, économique et culturel aux dossiers de politique étrangère.

Petite anecdote de la conférence de presse qui a clos la rencontre : à une question des journalistes sur le vœu émis, par l'Allemagne et le Nigeria, d'accéder à un siège permanent au Conseil de sécurité de l'ONU, Goodluck Jonathan a assuré qu'il était capital que de nouveaux pays fassent leur entrée dans cette instance suprême, et qu'il comptait sur un soutien de Berlin en ce sens… ce à quoi la chancelière s'est contentée de répondre par un sourire de « diplomate ».

Auteurs : Peter Stützle et Sandrine Blanchard
Edition : Philippe Pognan

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