Le magicien Moubarak sort ses chameaux
3 février 2011L'image à la Une des journaux ce matin est toujours la même : des partisans du président égyptien Hosni Moubarak juchés sur des chameaux et frappant la foule avec des bâtons. Avec ce commentaire : la situation dégénère en Egypte. Die Welt n'y voit qu'un tour de passe-passe du dictateur. Après avoir lancé la police sur les manifestants pour mettre fin au chaos, et après avoir annoncé qu'il ne se représenterait pas en septembre, Hosni Moubarak a trouvé une nouvelle combine : faire croire à une guerre civile. Mais en réalité, martèle le journal, il n'a fait que réquisitionner des Egyptiens sur des chameaux pour donner l'image d'une société divisée.
Même analyse de la part de die tageszeitung, qui affirme : « Tous les moyens sont bons contre la démocratie. » Pour le quotidien, Hosni Moubarak ne craint pas la violence, il souhaite seulement conserver le pouvoir. Reste à voir ce que décidera l'armée. Il est à craindre qu'elle se range derrière le président et réprime les manifestations jusqu'ici pacifiques.
Pour ou contre un quota de femmes?
Die tageszeitung critique par ailleurs la déclaration de la chancelière Angela Merkel qui se dit contre l'instauration de quotas de femmes à la tête des entreprises. Pourtant, l'Allemagne en a besoin, souligne le journal. Prenons exemple sur la Norvège, la France et l'Espagne qui ont imposé un quota de 40% de femmes. D'ailleurs, les entreprises allemandes ne refusent plus catégoriquement une telle mesure comme voudrait le faire croire le gouvernement.
Pas si sûr, rétorque la Süddeutsche Zeitung, car ne nous leurrons pas : les hommes ne vont pas abandonner leur pouvoir aussi facilement. Seule une loi permettrait de faire un pas en avant. C'est à l'Etat d'imposer un quota de femmes. Les entreprises en seront reconnaissantes, car les femmes pensent autrement et elles communiquent autrement.
Seule la Frankfurter Allgemeine Zeitung ne partage pas cet avis. Pour elle, la chancelière Angela Merkel a raison de se prononcer contre l'instauration de quotas, car l'Etat n'a pas à s'immiscer à ce point dans la politique d'entreprises privées. De toutes façons, poursuit le journal, les femmes arriveront bien toutes seules à se hisser dans les hautes sphères des industries. Il n'y a qu'à voir le chemin parcouru par Angela Merkel elle-même. La démographie et le manque de main d'œuvre feront le reste et porteront les femmes compétentes là où elles doivent être.
Auteur : Cécile Leclerc
Edition : Sébastien Martineau