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Le M23 vaincu - l'armée congolaise exulte

Marie-Ange Pioerron1 novembre 2013

Avec l'offensive éclair de l'armée congolaise contre les rebelles du M23, la République démocratique du Congo revient à l'avant-plan de l'actualité africaine dans la presse allemande.

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Martin Kobler lors d'une conférence de presse au Congo, 28 août 2013
Martin Kobler lors d'une conférence de presse au Congo, 28 août 2013Image : Junior D.KannahAFP/Getty Images)

Ce fut, écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung, l'une des rares bonnes nouvelles en provenance de l'est du Congo. Elle a été transmise au conseil de sécurité de l'ONU par le chef de la Monusco, l'Allemand Martin Kobler : les rebelles du M23 qui terrorisent depuis plus d'un an l'est du Congo sont "militairement vaincus". De fait, poursuit le journal, depuis le 25 octobre cette troupe forte d'environ 6000 hommes a essuyé défaite après défaite face à l'action combinée de l'armée congolaise et de la force d'intervention rapide de la Monusco. Entre-temps note la FAZ, l'ambassadeur de France à l'ONU comme l'envoyé spécial du département d'Etat américain pour la région des Grands Lacs ont appellé à la reprise immédiate des négociations de Kampala entre le gouvernement congolais et le M23. Appels motivés par la crainte de l'imprévisibilité du président rwandais Paul Kagamé. Ce dernier refuse de renoncer à son influence dans l'est du Congo et aux avantages économiques qui en résultent; malgré une pression internationale massive il ne cesse de financer de nouveaux groupes rebelles. Mais souligne le journal, jusqu'à présent le gouvernement de Kinshasa est resté sourd aux appels à la négociation avec les rebelles. Il est appuyé en cela par la population. Car l'une des raisons pour lesquelles le Kivu est devenu un réservoir de coupeurs de tête de toute sorte est l'incapacité notoire de l'armée congolaise. Jusqu'à présent, n'importe quel groupe armé pouvait être certain d'engager un jour ou l'autre des négociations avec le gouvernement de Kinshasa, et d'encaisser de l'argent. C'est devenu depuis longtemps une affaire lucrative dans l'est du Congo.

Soldats des FARDC à Kibumba, au nord de Goma
Soldats des FARDC à Kibumba, au nord de GomaImage : Reuters

Une étape seulement vers la paix au Kivu

Mais la défaite du M23 n'est qu'une étape, il en faudra plus, estime la presse allemande, pour instaurer la paix dans le Kivu. Allègresse dans tout le Congo, lit-on dans die tageszeitung. L'armée gouvernementale vole de victoire en victoire. Les rebelles du M23 sont en train de perdre leur statut de gouvernement parallèle dans l'est du Congo. Car même s'ils poursuivent leur combat comme groupe de guerrilla, ils se retrouvent maintenant au même niveau que les multiples milices d'autodéfense qui sèment l'insécurité dans la région. L'est du Congo, poursuit le journal, n'était pas en paix avant le M23, il ne le sera pas non plus après. La région toute entiere reste un patchwork d'intérêts divergents. Vaincre militairement un groupe ne change rien au conflit sous-jacent. Ou bien il s'exprimera d'une autre manière, ou bien il couvera dans les mémoires pour éclater de nouveau à la prochaine occasion. Conclusion du journal: un vaste processus de paix et de dialogue est indispensable dans l'est du Congo.

Jeunes mères et futures mères dans le centre de protection "Basma" à Casablanca au Maroc
Jeunes mères et futures mères dans le centre de protection "Basma" à Casablanca au MarocImage : ABDELHAK SENNA/AFP/Getty Images

Des mères de 10 ans en Ouganda

En dehors du Congo, la presse allemande se penche cette semaine sur deux sujets qui concernent la plupart des pays africains. Le premier c'est celui des mères adolescentes. Selon un rapport de l'ONU publié cette semaine, plus de sept millions d'adolescentes deviennent mères chaque année dans le monde, principalement dans les pays en développement. L'Ouganda en est un exemple. La Frankfurter Allgemeine Zeitung qui consacre un article à ce sujet qualifie l'Ouganda de "république des enfants". L'Ouganda a la population la plus jeune du monde. La moitié des 35 millions d'habitants a moins de 14 ans, le nombre moyen d'enfants pas femme étant de six. Avoir beaucoup d'enfants, écrit le journal, semble important dans un pays où l'assurance vieillesse est pratiquement inexistante. Mais comme le montre un rapport de l'institut américain Guttmacher, quatre naissances sur dix en Ouganda ne sont pas voulues, chaque femme met au monde deux enfants de plus qu'elle ne le désire, entre autres parce que beaucoup d'entre elles sont des adolescentes qui ne savent pas se protéger contre les grossesses non désirées. Depuis 1994, explique le journal, il existe malgré tout à Kampala un centre d'information et de santé pour les teen-agers. L'an passé 43 000 enfants et jeunes sont venus dans ce centre. Les plus jeunes mères n'ont que 10 ans.

Masaï avec son troupeau au Kenya
Masaï avec son troupeau au KenyaImage : picture-alliance/Ton Koene

Quand la mariée est trop chère

L'autre sujet concerne une tradition africaine encore très vivante, notamment en Afrique australe, c'est la lobola, autrement dit la dot offerte par l'homme à la famille de la femme qu'il va épouser. Comme on peut le lire dans un article du quotidien Die Welt, la tradition est souvent dévoyée pour se transformer en une véritable extorsion de fonds. L'article commence par le récit de cette scène qui s'est déroulée dans une des propriétés de Robert Mugabe. Les négociations ont été coriaces. Le postulant à la main de la fille de Mugabe, Bona, semblait certes faire l'affaire: un pilote, profondément chrétien, tout à fait du goût de l'autocrate zimbabwéen. Mais une fille de président a son prix, surtout lorsqu'elle est vierge comme l'affirmait sa famille. Au bout de trois heures de discussion un accord a finalement été trouvé: le mariage aura lieu en mars de l'année prochaine, au prix de 35 000 dollars et 15 boeufs. En Afrique du sud, poursuit le journal, les familles exigent entre 2 000 et 5 000 euros, selon l'âge et le niveau d'instruction de leur fille. Cela dépasse souvent le revenu annuel du fiancé. Et cela explique que depuis 2008 le nombre de mariages n'a cessé de diminuer.

Essam al-Arian (ici en 2011) est parmi les Frères musulmans arrêtés
Essam al-Arian (ici en 2011) est parmi les Frères musulmans arrêtésImage : picture-alliance/dpa

Parfaire l'Etat policier en Egypte

En Egypte la chasse aux Frères musulmans se poursuit. Des milliers d'entre eux sont déjà en prison, note la Süddeutsche Zeitung. Parmi eux l'ancien président Morsi. Son procès pour le meurtre de manifestants doit s'ouvrir lundi prochain. Son prédécesseur Hosni Moubarak a été inculpé pour les mêmes raisons, rappelle le journal avant de souligner que le réglement de comptes juridique avec l'adversaire politique est une constante des cycles de pouvoir en Egypte. Une grande partie de l'appareil sécuritaire, ajoute la Süddeutsche Zeitung, ne veut pas de solution politique. Elle veut écraser les Frères musulmans. En ce sens elle ne veut pas copier l'Etat policier de Moubarak, mais le parfaire.