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Le Kasaï à l'épreuve de la "solidarité" africaine

Fiacre Ndayiragije
23 juin 2017

Les chefs d'Etats africains ont rejeté la proposition d'une enquête internationale sur les violences dans le Kasaï. Seul un groupe d'experts, sous conduite congolaise, est autorisé à établir les faits.

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Kongo Afrika Massaker Mann sitzt vor einer ausgebrannten Hütte
Image : Getty Images/K.Maliro

'L'ampleur des massacres n'est pas connue de tous...'Dieudonné Wamnoyatambwe - MP3-Stereo

La proposition d’une enquête internationale sur les violences dans le Kasaï en RDC a été abandonnée. Le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU a en revanche adopté ce jeudi une résolution prévoyant l’envoi d’experts internationaux chargés d’enquêter sur les crimes commis dans cette région du centre du pays.

Une solution d’équilibre selon le Conseil des droits de l'Homme, résultant d’un compromis avec le groupe Afrique formé du Burundi, du Togo, du Botswana, du Soudan, du Mozambique, de l’Algérie et de l’Égypte.  

Les experts auront l'obligation de remettre d'abord les conclusions de leur rapport aux autorités judiciaires congolaises. Dans un tweet, la ministre congolaise des droits de l'Homme, Marie-Ange Mushobekwa Likulia, s'est déclarée satisfaite de la décision qui, dit-elle, respecte la dignité de son pays.

C'est la question de la souveraineté des institutions nationales qui a primé a déclaré aussi André Alain Atundu porte parole de la majorité présidentielle. "C'est l'expression de la solidarité des Etats africains vis-à-vis de l'un des leurs injustement traité, et même calomnié."

L'opposition déçue

Du côté de l'opposition congolaise, c'est la déception. Comment se fait-il que l'Etat congolais soit juge et parti dans les crimes au Kasaï, se demande Rubens Mikindo secrétaire général adjoint de  l'UDPS. Il ajoute qu'il s'agit plutôt d'une solidarité entre dictateurs africains. "L’ampleur des massacres n’est pas connu de tous de la même manière qu’on le sait en Occident" explique pour sa part Dieudonné Wamnoyatambwe chercheur au Groupe de recherche et d’information sur la Paix et la Sécurité (Grip). D’autre part, il y a toujours eu entre chefs d’Etats africains une sorte de solidarité entre paires, dans la mesure ou laisser faire une enquête chez l’un pourrait conduire, plus tard, à laisser faire une enquête chez un autre."

Selon Dieudonné Wamnayatambwe, ce regard de la communauté internationale sur la situation dans le Kasaï pourra permettre l'arrêt de la dynamique meurtrière dans la région. A l'avenir, les autorités congolaises devraient se sentir beaucoup plus surveillées a-t-il indiqué.