Le #GuptaLeaks qui fait trembler Zuma
13 juin 2017L'Allemagne a promis de consacrer 300 millions d'euros supplémentaires à l'Afrique. Les conditions du partenariat entre la République fédérale et le continent sont à l'ordre du jour de la réunion pré-G20 qui a lieu ce lundi à Berlin. Parmi les conditions posées par l'Allemagne pour renforcer sa coopération avec les Etats africains, il y a une lutte accrue pour la transparence et contre la corruption. Un sujet d'actualité notamment en Afrique du Sud, le seul pays africain membre à part entière du G20, et où pourtant la corruption du président, Jacob Zuma, ne fait de mystère pour personne. Le chef de l'Etat fait même l'objet d'une plainte comportant 800 chefs d'accusation liés à des malversations. Mais il n'est pas le seul à entretenir la corruption dans le pays, comme l'ont découvert des journalistes d'investigation sud-africains, qui ont dévoilé les liens de plusieurs dirigeants et institutions avec la famille d'entrepreneurs Gupta.
Des "bousiers" pour remuer tout ça
« AmaBunghane », c'est le nom zoulou du bousier, ce scarabée qui fouille dans les excréments pour se nourrir. Et c'est ainsi que se sont nommés des journalistes d'investigation qui ont levé le lièvre du #GuptaLeaks. Au cœur du marigot dévoilé : la famille Gupta, entrepreneurs richissimes, qui, depuis des décennies, opèrent des transactions avec Jacob Zuma et divers ministres sud-africains. Sam Cole, chef des journalistes AmaBunghane.
« Cette famille entretient les meilleures relations avec les instances dirigeantes de l'ANC, le parti au pouvoir. Elle a profité de cette influence pour faire de l'argent. Nous avons mis la main sur des mails de la galaxie Gupta. Ces mails montrent comment la famille s'y est prise, avec qui elle avait des contacts, par qui elle a eu accès à des informations confidentielles et qui elle a récompensé comment pour cela. »
Les Gupta sont partout
Les Gupta sont parvenus à placer leurs alliés à tous les postes clefs de l'Etat. Ils ont garanti des marchés à de sombres entreprises de conseil. Et graissé la patte de nombreux dirigeants : en échange de leurs bonnes faveurs, les Gupta leur payaient des voyages de luxe, à Dubaï ou à Venise. Dans les secteurs de l'énergie et du transport, la famille a passé des contrats juteux avec des structures publiques. Sam Cole :
« Le plus choquant, c'était l'histoire des locomotives que l'entreprise publique Transnet a achetées à un constructeur chinois (plus d'un millier en tout). Et une entreprise proche des Gupta s'est greffée sur le marché et a prélevé 20% de commission. Soit plusieurs millions d'euros – en échange de rien du tout ! »
L'un des noms qui reviennent le plus dans les mails que les « bousiers » se sont procurés, c'est celui de Dudu, le fils de Jacob Zuma. Ce playboy de 35 ans est quasiment devenu un membre de la famille Gupta, explique Sam Cole. Son patronyme lui permet d'ouvrir toutes les portes du pays. Mais pour l'instant, les journalistes n'ont pas pu établir formellement le lien direct du président avec la famille Gupta. Le chef de l'Etat dément avoir fait quoi que ce soit de répréhensible. Alors les « bousiers » continuent de chercher.