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Le fichier anti-terrorisme allemand

Christophe LASCOMBES5 septembre 2006

Après des années de disputes politiciennes, le ministre fédéral de l’Intérieur et ses homologues des régions ont enfin trouvé un accord sur la mise en place d’un fichier anti-terrorisme pour les organes de sécurité. Le compromis trouvé hier fait la une des commentaires de la presse allemande de ce matin.

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Un fichier anti-terrorisme accessible plus ou moins librement à tous les organes de sécurité d'Allemagne, voilà le résultat des la conférence des Ministres allemands de l'Intérieur.
Un fichier anti-terrorisme accessible plus ou moins librement à tous les organes de sécurité d'Allemagne, voilà le résultat des la conférence des Ministres allemands de l'Intérieur.Image : dw-tv

Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, même si les ministres de l’Intérieur ont trouvé un accord en termes de collecte des données individuelles, de surveillance vidéo ou de législation sur la sécurité aérienne et maritime, rien ne dit que le Ministère de la Justice l’accepte ni que le Tribunal Constitutionnel ne retoque ce projet.

Avec un peu plus de bonne volonté et moins d’esprit de clocher politique, on aurait pu réussir beaucoup plus vite, renchérit Die Welt. Désormais, seule la pratique dira si ce fichier bipartite contenant d’une part l’identité de présumés terroristes et de l’autre des caractéristiques telles que les voyages à l’étranger ou la possession d’armes fonctionnera correctement. Il s’agit ici d’une solution plus politique que pratique et c’est pourquoi elle n’apporte aucune garantie en termes de sécurité.

Ce fichier va pourtant beaucoup plus loin que les précédents projets du Ministère fédéral de l’Intérieur, souligne la Süddeutsche Zeitung. La police ou les services secrets peuvent ainsi disposer, en quelques clics de souris, de toutes les données enregistrées concernant leur suspect. Après les attentats manqués contre les trains régionaux allemands, les responsables politique ont choisi une solution qui répond en grande partie aux exigences des hommes de terrain. Il faut pourtant éviter que ce fichier ne devienne un self-service de données à caractère personnel des citoyens. Les demandes doivent être contrôlées et les échanges documentés.

Ce compromis est fourré de pièges et de chausse-trappes, critique la Frankfurter Rundschau. Si la bataille d’experts sur le type de fichier (fichier index ou fichier de données) est close, la simple consignation de la religion d’un citoyen soulève un problème constitutionnel grave. Autre point litigieux : l’enregistrement des données des personnes avec lesquelles un suspect est en contact. La porte est ainsi ouverte à la mise en fiches généralisée.

Un pessimisme que ne partage pas entièrement la Tageszeitung, de Berlin. Ce nouveau fichier anti-terrorisme n’est pas un système incontrôlé. Chaque administration peut à son gré garder des données secrètes en ne les enregistrant pas dans ce fichier. Une tactique à laquelle les services secrets devraient avoir recours pour protéger leurs sources. Ainsi, l’utilité de ce système est déjà amoindrie avant même sa mise en œuvre. Il y aurait là de quoi rire si la lutte contre les attentats terroristes n’était pas un objectif si sérieux, conclut le quotidien.