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Discours provoquant de l'écivain Akif Pirinçci à Dresde

Philippe Pognan21 octobre 2015

Les éditorialistes se penchent notamment sur le discours tenu par l'écrivain allemand d'origine turque Akif Pirinçci lors du rassemblement de Pegida à Dresde. Discours qui suscite de vives critiques.

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Dresden - Pegida-Anhänger versammeln sich zum Jahrestag
Image : Getty Images/AFP/R. Michael

Akif Pirinçci, invité par Pegida aux côtés de plusieurs autres orateurs, avait, à la tribune, vivement critiqué la politique migratoire de Berlin. Et il avait notamment déclaré : le gouvernement allemand a perdu tout "respect pour son propre peuple" et s'il n'obéit pas, il n'a plus qu'à quitter l'Allemagne… Pour le gouvernement, "il y aurait naturellement d'autres alternatives, mais les camps de concentration sont malheureusement hors service à l'heure actuelle". Une phrase ambigüe, qui, quelle que soit la manière dont on l'interprète, suscite l'indignation générale, comme le souligne le magazine Der Spiegel pour lequel " Ce discours était une incroyable diatribe incendiaire. Un discours de haine froidement prononcé par le démagogue Pirinçci qui n'en est pas à la première déclaration de ce genre…"

Dresden - Pegida
L'auteur germano-turc Akif Pirinçci. Sa maison d'édition, Random House, a qualifié ses propos d'"inacceptables" et indiqué ne plus vouloir publier ses oeuvres.Image : picture-alliance/dpa

Depuis quelque temps déjà, Akif Pirinçci multiplie en effet les pamphlets populistes dans lesquels il critique l'Islam, condamne l'homosexualité ou encore la liberté des femmes. Le quotidien Emder Zeitung estime que "le dégoût devrait saisir les masses de manifestants, quand un auteur germano - turc en vogue regrette en public que les camps de concentrations ne soient plus en service! Mais, au lieu de cela, ils applaudissent, s'indigne l'éditorialiste qui conclut : Tout démocrate ne ressent là qu'une profonde honte !"

Timeline 2er Weltkrieg Auschwitz wird befreit
Des survivants du camp de concentration d'Auschwitz à la libération du camp par l'Armée Rouge le 26.01.1945. Mardi, le Comité d'Auschwitz a qualifié ´le discours de Pirinçci de "signal répugnant".Image : picture-alliance/dpa/akg-images

"Le vandalisme attire de nouveaux vandales, relève la Süddeutsche Zeitung. Quand se trouve quelque part une décharge sauvage, de plus en plus de gens osent jeter leurs propres ordures sur ce tas de déchets'. Cela fonctionne parfois de manière similaire au niveau politique. A Dresde, on peut le voir à l'exemple du vandalisme politique de Pegida. L'Etat de droit peut supporter beaucoup de choses, mais il ne doit en aucun cas tolérer que des agitateurs racistes se moquent de lui ! C‘est pourquoi, poursuit l'éditorialiste, il est incompréhensible que la police reste en retrait quand des manifestants brandissent des potences ou quand un orateur regrette publiquement que les camps de concentrations soient hors service! Ce n'est pas seulement un cas pour le procureur, s'indigne le quotidien munichois, mais aussi pour les forces de l'ordre qui devraient immédiatement intervenir face à de telles actions"...

Deutschland Pegida Kundgebung in Dresden
Manifestants brandissant une potence lors d'un rassemblement de Pegida à DresdeImage : picture-alliance/AP Photo/M. Schreiber

D'autres journaux , comme le Badische Neueste Nachrichten de Karlsruhe soulignent que les discours de haine fleurissent aussi sur la Toile : " Internet est en grande partie un espace de non-droit, dans lequel une plèbe enragée crache sans gêne sa haine et ses insultes. Un "allumé" qui porte une potence à travers Dresde est vite arrêté, mais le flot de commentaires haineux sur Facebook est un bien plus grand problème, estime l'éditorialiste, plus grave encore que Pegida!"

Nous terminons cette revue de presse par une voix quelque peu divergente, celle du quotidien Münchner Merkur de Munich qui se demande : "Doit-on, peut-on automatiquement classer comme étant des exrémistes de droite les citoyens qui s'inquiètent face à l'afflux non freiné de cultures et religions étrangères, et tous ceux qui rejettent ce que la chancelière qualifie de "changement enrichissant notre société" ? Non, se répond lui-même l'éditorialiste : de telles angoisses ne sont pas l'exclusivité de néo-nazis en colère."