Le dilemne de Stanley McChrystal
23 février 2010
"D'autres civils vont y passer" titre die Tageszeitung. L'erreur est humaine, la défaillance est technique et il arrive effectivement que des éclaireurs afghans repèrent des taliban dans des endroits où vivent aussi des civils. Donc oui, ce ne seront pas les derniers civils à périr par "erreur", loin de là, affirme le journal.
D'autant plus, écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung que les taliban, évidemment ravis de se voir faciliter leur tâche de recrutement, font tout pour que l'Otan peine à faire la différence entre civils et insurgés. Le général américain Stanley McChrystal, commandant en chef des troupes de l'Otan, a un dilemne à résoudre. D'un côté il a promis de tout faire pour éviter de tuer des innocents. Mais de l'autre, il mène une guerre contre un ennemi sans scrupule, qui n'hésitera pas à prendre des civils en otage. En un mot, l'Alliance atlantique ne peut pas faire la guerre sans "dommages collatéraux".
Cela fait longtemps que les Afghans ont appris à être opportunistes et c'est compréhensible, remarque pour sa part la Süddeutsche Zeitung. Quand on vit dans un pays en guerre depuis des décennies, on apprend vite que pour augmenter ses chances de survie, il faut se mettre du côté des plus forts. A partir du moment où les talibans sont affaiblis, leur aura décline, ils offrent moins de protection, ils sont moins menaçants. Pourquoi l'Alliance atlantique ignore-t-elle sans cesse ces principes de base de la vie afghane ? C'est une énigme. Les attaques aériennes présentent des risques énormes, un repérage au sol digne de ce nom étant difficile. Par conséquent, conclut le journal, elles sont devenues le symbole de l'arbitraire. En un mot, ce n'est pas dans les airs qu'il faut chercher à sécuriser l'Afghanistan.
Et d'avions il en est question aussi dans die Welt sauf qu'il s'agit là de la suspension de la grève des pilotes chez Lufthansa. L'arrêt de travail n'aura finalement duré que 24 heures, au lieu des quatre jours initialement prévus. Il n'empêche, note le journal, que jamais un mouvement social n'aura eu aussi peu de soutien. En temps de crise, les revendications salariales des pilotes sont presque choquantes. On comprendra que le reste du personnel de la compagnie - autrement moins bien payé - n'ait pas exprimé une solidarité débordante pour ses collègues.
Auteur: Konstanze von Kotze / Edition: Anne Le Touzé