Le difficile voyage de Dirk Niebel en Irak
2 février 2011Un ministre coincé à l'aéroport et obligé de payer une deuxième fois une taxe de 2.500 dollars pour pouvoir décoller... c'est l'aventure qui est arrivée au ministre du développement allemand, Dirk Niebel, mardi, à Bagdad. Inutile de dire qu'il n'a pas apprécié et demande des comptes au gouvernement irakien. Cette affaire démontre en tous cas à quel point le pays est loin d'avoir une organisation gouvernementale qui fonctionne. Pour le ministre, « l'Irak manque de responsables habilités à prendre des décisions ». Le ministre qui porte la casquette du développement rappelle volontiers que l'Allemagne soutient le pays à hauteur de 5 milliards d'euros. Concrètement 4,5 milliards pour une remise de dette et seulement 400 millions d'euros alloués au développement. L'Irak, en effet, n'a guère besoin d'aide au développement, comme l'expliquait Dirk Niebel au micro de notre confrère Mark Kleber : « Après les guerres, l'Irak a les problèmes classiques d'un pays en développement. Mais par chance, elle a les moyens financiers pour se développer. C'est pourquoi je crois que nous pouvons contribuer à l'aide aussi bien par notre aide au développement que par l'ouverture à notre économie. »
Reconstruire l'infrastructure
Effectivement, l'Irak, riche en pétrole, dispose de moyens financiers, mais a besoin de remettre sur pied toute l'infrastructure et l'économie du pays. Pas étonnant donc que le ministre soit accompagné d'une délégation de patrons allemands. Mais l'opposition n'est pas tout à fait d'accord sur cette présence, comme l'a confié Ute Koczy, spécialiste du développement au sein du parti des Verts, au micro de Mark Kleber : « Il est clair que ce voyage est centré sur l'effet d'ouverture que représente personnellement Monsieur Niebel. Car sur place il n'y pas grand chose comme projet de développement. L'Irak n'en n'a pas besoin d'ailleurs, l'Irak a besoin de soutien économique. Et lorsque le ministre Dirk Niebel s'y rend, eh bien il fait du soutien au commerce extérieur et n'est pas dans son rôle. »
Reste que soutenir l'économie d'un pays est le meilleur moyen de combattre la pauvreté. Par ailleurs, le ministre Dirk Niebel a demandé la protection des chrétiens d'Irak. Au cours des deux dernières années, l'Allemagne a accueilli quelque 2.500 réfugiés irakiens parmi lesquels de nombreux chrétiens fuyant les massacres.
Auteur : Elisabeth Cadot, Mark Kleber
Edition : Sandrine Blanchard