1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Le difficile financement des élections africaines

11 juillet 2017

Au Burundi, le président Pierre Nkurunziza a invité ses compatriotes à participer au financement de l’organisation des élections générale de 2020. Cette mesure saluée est-elle exportable à d'autres pays du continent ?

https://p.dw.com/p/2gLay
Bildergalerie Grün in Afrika
Image : AFP/Getty Images

En règle générale, le financement des élections relève du domaine régalien des Etats. Au Rwanda par exemple, le gouvernement a décidé de prendre en charge 95% du budget prévu pour l’organisation de la présidentielle du 4 août prochain. Kigali espère ainsi n’avoir aucun compte à rendre aux organismes internationaux qui ont l'habitude d'aider à la mise en place d'élections. Ceux-ci peuvent néanmoins, s’ils le souhaitent, participer à hauteur de 5% à la tenue de ce scrutin.  

Au Bénin, considéré comme étant l’un des laboratoires de la démocratie en Afrique, c’est aussi l’Etat qui prend en charge l’organisation des élections. Mais il peut arriver que les citoyens soient appelés à la rescousse, selon le juriste et analyste politique béninois, Serge Prince Agbodjan:

Paul Kagame a décidé de financer l'élection présidentielle du 4 août à hauteur de 95%.
Paul Kagame a décidé de financer l'élection présidentielle du 4 août à hauteur de 95%.Image : Reuters

"Il arrive que pour des raisons politiques, pour des raisons de refus d’organiser les élections à bonne date, malgré que l’Etat ait pris ce budget là normalement et voté par le parlement,  le gouvernement a annoncé  qu’il  n’a pas les moyens pour pouvoir faire débloquer les fonds. En 2006, en 2011, les mêmes problèmes se sont posés et il y a eu  une volonté de la société civile d’ouvrir un compte et de pouvoir demander aux citoyens de contribuer. Et la Cour constitutionnelle du Bénin a fait une injonction et a demandé à l’Etat de mettre  des fonds à la disposition de la commission électorale pour que des élections puissent se tenir à bonne date. Ce que le gouvernement a finalement fait." 

Même cas de figure au Cameroun

Au Cameroun, l’organisation des élections est également inscrite dans le budget général de l’Etat. Mais le politologue Mathias Eric Owona rappelle que ce sont toujours les contribuables qui paient, comme  c’est le cas au Burundi:

"Au Cameroun, les élections sont financées par les ressources que l’Etat allouées à la Commission électorale. Ainsi, Elections Cameroon, bénéfice d’une dotation qui lui permet de faire face à toutes les activités pour chaque année budgétaire, y compris bien sûr les activités ayant trait à l’organisation  et à la supervision des élections. En plus de cette dotation budgétaire, il existe sur la base d’une loi de 2010 relative  au financement des partis politiques et des campagnes électorales, des financements qui sont mis à la disposition des partis politiques qui ont atteints un certain niveau de représentativité lors des différents scrutins, aussi bien les élections législatives, municipale que la présidentielle la commission. De toutes les manières, même quand c’est l’Etat qui finance les opérations, il le fait  sur la base des ressources  budgétaires et  qui peuvent  provenir effectivement des  ressources extérieures, mais aussi des ressources liées au budget national. Au final, il ya toujours une contribution des populations"

L’Union européenne et d'autres pays occidentaux participent régulièrement au financement des élections en Afrique, à travers divers mécanismes liés à la bonne gouvernance et à la démocratie.

Selon des informations publiées par La Tribune Afrique, après une longe année d’attente, la communauté internationale a finalement décidé d’allouer, début février 2017, un budget de 12 millions de dollars à Antananarivo pour le financement d’un cycle électoral : élections régionales, législatives, ainsi que la présidentielle de 2018. 

Il s’agit d'est un financement de 12 millions de dollars pour couvrir tout le cycle électoral, élections régionales et provinciales en 2017, législatives et présidentielle en 2018 à Madagascar. Ce soutien doit pouvoir se prolonger jusqu'au début de l'année 2019, date prévue pour le second tour de l'élection présidentielle.

Cette aide est un appui technique et financier dont l'objectif est d'organiser des élections libres et transparentes. C'est aussi ce que recherche l’UE qui assure aussi la supervision et l’observation des différents scrutins pour s’assurer qu’ils répondent aux standards internationaux, de transparence, d’équité et d’exclusivité.

Dans bien des cas, les observateurs dépêchés par Bruxelles, critiquent le bon déroulement des élections sur le continent. Ce fut le cas de l'élection présidentielle en 2016 au Gabon.

 

Photo de Eric Topona Mocnga
Eric Topona Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleETopona