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Moyadine Babouri libéré au Tchad

Blaise Dariustone
5 avril 2018

Moyadine Tadjadine Babouri a été remis en liberté à l'issue d'une courte audience au Tribunal de grande instance de N'Djamena. Neveu du président Deby, il avait critiqué la gouvernance de son oncle.

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Tschad Moyadine Baboury
Image : DW/D. Blaise

Au Tchad, le cyber-activiste Moyadine Tadjadine Babouri est désormais libre. Il a été remis en liberté à l'issue d'une courte audience ce matin au Tribunal de grande intense de N'Djamena. 

Arrêté et placé sous mandat de dépôt le 17 octobre 2016, Tadjadine Babouri , neveu du président Déby, était poursuivi pour atteinte à l'autorité de l'Etat, à la sécurité nationale mais aussi intelligence avec un mouvement insurrectionnel pour avoir posté des vidéos sur Facebook critiquant la mauvaise gouvernance du régime de son oncle, Idriss Déby.

Après un an et demi d'instruction, le juge a finalement requalifié l'infraction en délit de diffamation. 

Le prévenu s'appuyait sur une béquille...

Il était 10 heures 55 lorsque le tribunal appelle Tadjadine Babouri à la barre. Affaibli, le prévenu s'appuie sur une béquille et avance lentement vers les juges. Il répond aux questions du tribunal en niant les faits qui lui sont reprochés.

Parole ensuite à la défense constituée de dix avocats qui se sont succédés pour démontrer le caractère arbitraire de cette procédure en s'appuyant sur l'article 313 du nouveau code de procédure pénale.

Tous  demandent la remise en liberté d'office de leur client. Convaincu par les arguments de la défense, le juge tranche en sa faveur. Maître Olivier Gouara est membre du collectif des avocats de la défense. Il rappelle que dans le "nouveau code de procédure pénale, le délai de détention préventive est limité à un an pour les crimes et six mois pour les délits".

Or, rappelle l'avocat, "Moyadine a déjà passé un an et six mois en détention préventive. Donc c'est à juste titre que le juge décide de le mettre en liberté d'office. Normalement, dans un pays de droit, on n'aurait pas du évoquer cela, le juge aurait pu prendre ses responsabilités et décidé de le remettre en liberté."

... après 16 mois de torture

Le prévenu va comparaître librement le 19 avril. Mais pour les organisations de défense des droits de l'Homme tchadiennes, cette remise en liberté, qui survient après 16 mois de traitements inhumains, n'efface pas l'atteinte grave aux droits et libertés.

"C'est inadmissible", déplore Midaye Guerimbaye, président de la LTDH, la Ligue tchadienne des droits de l'homme, qui entend aider la victime à porter plainte contre ses bourreaux.

"Monsieur Moyadine est physiquement affecté mais il est resté un homme engagé pour les libertés et pour les droits. Il a été torturé dans différentes concessions privées  par des autorités connues. Ce qu'il n'a pas encore vu c'est la mort. Ce sont des tortures inacceptables. Et toute personne qui commet une telle infraction doit passer devant le juge, qu'il soit autorité politique, militaire ou administrative. Donc nous allons aider ce monsieur à saisir les juges. Aujourd'hui,  beaucoup de gens sont enlevés, certains sont  disparu, on ne sait pas ce qui se passe mais viendra le jour ou chacun va s'expliquer."

Babouri n'arrive plus à se tenir debout pendant longtemps. Il souffre de la tuberculose qu'il a contractée en prison et de problèmes de vue.

Cette liberté d'office est en partie le fruit d'une longue lutte des activistes tchadiens et des organisations de défense des droits de l'Homme nationales et internationales, telle que l'ONG Amnesty International.