Le couple franco-allemand agace
10 février 2011La France et l’Allemagne ont donc de nouveau chaussé leurs gros sabots vendredi dernier pour expliquer à leurs collègues européens comment se gère une crise économique. Paris et Berlin ont proposé un pacte pour réduire les écarts de compétitivité qui nuisent à la solidité de la zone euro. Au menu des propositions : la retraite à 67 ans, la fin de l’indexation des salaires sur l’inflation, une harmonisation fiscale et l’interdiction des déficits publics.
Berlin reprend donc ses airs de professeur sur le thème : pas de réforme, pas d’argent allemand. Paris pour sa part s’aligne en faisant croire que c’est la France qui a eu l’idée la première avec son concept un peu flou de gouvernement économique. « Il s’agit d’améliorer notre compétitivité », a expliqué la chancelière Angela Merke. « Nous voulons montrer que nous avons la volonté politique de progresser ensemble, en particulier au sein de l’Eurogroupe, mais aussi avec les autres pays qui souhaitent se joindre à nous. »
Je vous propose d’écouter Angela Merkel.
Grand marchandage
Mais l’Europe ne se fait pas comme ca. L’Europe c’est 27 Etats souverains et déjà, l’Italie, la Belgique, l’Autriche, l’Irlande et la Grèce ont fait savoir qu’ils n’accepteraient pas de renoncer à leurs minima sociaux comme l’âge de la retraite ou la hausse des salaires calée sur celle des prix. Rome n’a pas du tout l’intention d’inscrire dans le marbre de la constitution italienne l’illégalité des déficits publics. Qu’à cela ne tienne répond Berlin : le pacte de compétitivité n’est qu’une ébauche, il va falloir négocier. La décision devrait être prise d’ici le prochain Sommet européen, les 24 et 25 mars.
Le but du marchandage est simple : Berlin n’acceptera de payer plus pour venir en aide aux états endettés que si chacun accepte une dose variable d’orthodoxie budgétaire. Or, le temps presse pour la chancelière Angela Merkel qui doit affronter les électeurs dans des scrutins locaux dont le premier, dans le Baden-Württemberg, au sud du pays, aura lieu fin mars. D’ici-là, Angela Merkel doit prouver à ses électeurs en général et à l’aile droite de la CDU en particulier qu’elle a su s’imposer à Bruxelles.
« Le nouvel ennemi c’est l’islam »
Le dossier de notre édition est consacré à l’extrême-droite en Europe. Nous avons débuté la semaine dernière une série sur ce thème avec un reportage sur la Ligue du nord en Italie. Cette semaine nous nous intéressons aux Démocrates suédois, un parti populiste et xénophobe qui a fait son entrée au Parlement.
Avant cela, nous avons interrogé le spécialiste de l’extrême-droite, le Français Jean-Yves Camus, pour tâcher de comprendre s’il est permis de tracer des lignes entre ces différentes extrême-droites européennes. Celles-ci ont rompu avec la vieille imagerie fasciste pour se présenter comme des mouvements plus modernes, plus responsables, plus inoffensifs – du moins en apparence.
L’interview du politologue Jean-Yves Camus, chercheur à l'Institut de relations internationales et stratégiques de Paris.
Parti raciste
Lors des élections générales de septembre dernier, la Suède a vu 20 députés d'extrême-droite faire leur entrée au Parlement. Dans les semaines qui ont suivi, plusieurs manifestations ont eu lieu contre ce parti, les Démocrates Suédois, considéré comme raciste. Après cinq mois au Parlement, comment les Démocrates Suédois sont-ils acceptés par la classe politique et la société suédoise?
Un reportage de notre correspondant à Stockholm, Benoit Derrier.
Auteur : Jean-Michel Bos
Edition : Elisabeth Cadot