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Le coup de gueule permanent

17 septembre 2010

Lors du sommet des chefs d'Etat et de gouvernements des 27, le président français Nicolas Sarkozy a violemment pris à parti le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, sur la question des Roms.

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Le président Sarkozy a focalisé l'attention du sommet européen
Le président Sarkozy a focalisé l'attention du sommet européenImage : AP

Le gouvernement français donne aujourd'hui l'impression de perdre le contrôle de la situation. Mais il ne faut pas s'y tromper : à la fin, c’est Paris qui pourrait remporter la partie.Le vif échange hier entre Nicolas Sarkozy et José Manuel Barroso est la conséquence du fait que le président français juge inacceptable les propos de Viviane Reding, la commissaire à la Justice. Celle-ci a en effet comparé les expulsions des Roms aux déportations pratiquées par les Nazis durant la seconde guerre mondiale.

Là-dessus, en grand communicateur, Nicolas Sarkozy a cru bon d’enfoncer le clou en affirmant que la chancelière Angela Merkel lui avait fait part de sa volonté de procéder à des évacuations de camps Roms. Mal lui en a pris car très vite, Berlin a démenti les propos de Nicolas Sarkozy. « Je pense qu'il y a un malentendu sur ce point car la chancelière a dit publiquement, et elle me l'a dit à moi-même, comment ces discussions s'étaient déroulées et la chancelière allemande n'a effectué aucune annonce de ce type », a affirmé Guido Westerwelle, le ministre allemand des Affaires étrangères. « Cela violerait la Constitution allemande et il n'y a pas de délibérations en ce sens. Mais je trouve aussi que l'on doit conduire cette discussion avec respect. Placer la politique de la France au même niveau que les crimes de la seconde guerre mondiale est absolument inacceptable et blessant. Cela a probablement conduit à la réaction exaspéré du président français. »

Le président de la Commission, Jose Manuel Barroso, redoute d'être mis à l'écart par les grands états
Le président de la Commission, Jose Manuel Barroso, redoute d'être mis à l'écart par les grands étatsImage : AP

Guerre de pouvoir

Le ministre allemand des Affaires étrangères a donc démenti mais il s’est aussi porté au secours du président français. Car il est permis d’avoir aujourd'hui une lecture politique de cette crise. L'Allemagne, tout comme la France, veut que les décisions importantes se prennent dans les capitales et non pas à Bruxelles. La Commission européenne se sent donc rabaissée et l’affaire des Roms lui offre l’occasion de montrer ses pouvoirs de gardienne des Traités. Mais il est n’est pas sûr qu’à la fin ce ne soit pas la France et les états qui finissent par imposer leurs vision intergouvernementale de l’Europe. Au détriment de la vision communautaire prônée par la Commission.

Auteur : Jean-Michel Bos

Edition : Philippe Pognan