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Le Bénin paralysé par une grève illimitée

Rodrigue Guézodjè
16 janvier 2018

Après les six centrales syndicales des secteurs de la santé et de la justice déjà en mouvement contre la loi qui leur arrache le droit à la grève, 52 organisations syndicales du secteur de l’éducation entrent en grève.

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Cotonou Benin
Image : Getty Images

Rude épreuve en ce début d’année pour le gouvernement de Patrice Talon qui doit faire face à la colère généralisée des travailleurs. Certains parmi eux ont été subitement interdits de grève il y a seulement quelques jours par une loi votée à l’Assemblée nationale. Mais à qui le tour ? S’interrogeaient déjà les autres. Et la question avait été posée à l’un des parlementaires initiateurs de ladite loi. "Evidemment, par rapport à nos enfants, si ça devient insoutenable et que ça ne tient pas, beh ! Nous allons réguler. C’est le rôle du législateur de réguler " explique Orden Alladatin, Député membre de la majorité présidentielle.

De ces déclarations du député membre de la majorité présidentielle, les enseignants eux aussi sentent le danger planer sur leur secteur.  Selon Nangnini Kassa Mampo, Secrétaire général de la Confédération syndicale des travailleurs du Bénin "les travailleurs de l’éducation savent que s'ils interdisent le droit de grève aux autres, d’abord c’est grave parce que si les enseignants, les agents de santé ne sont pas contents et qu’ils sont assis, ils ne peuvent pas revendiquer, ils ne vont pas travailler. Si le magistrat n’est pas content, il ne peut pas bien travailler. Donc les enseignants eux-mêmes sont victimes et ils savent que on va leur supprimer le droit de grève, et ça va être un recul dans notre pays" assure Nangnini Kassa Mampo.

La décision de paralyser tout le système éducatif n’était pas au préalable directement liée à la suppression du droit de grève, mais face à la situation, les éducateurs veulent faire d’une pierre plusieurs coups. "Quand je prends les sous-secteurs de la maternelle, du primaire et du secondaire, les statuts particuliers qui ont été signés au temps de l’ancien président devaient connaître par la suite une application à travers les Arrêtés d’application. Mais jusqu’à présent nous n’avons pas encore la signature. Tout ça là mettait déjà le système en effervescence, et il y a une coïncidence de calendrier par rapport à cette lutte" annonce Lucien Glèlè-Langanfin, membre de la Confédération générale des travailleurs du Bénin.

Il reste à voir si ce mouvement d’ensemble des travailleurs béninois est à même d'influencer la décision de la cour constitutionnelle.