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Le Brandenbourg déserté par les médecins

26 octobre 2007

En Allemagne, les fédérations professionnelles de médecins tirent la sonnette d’alarme : elles prévoient un renouvellement très insuffisant pour les années à venir du personnel médical. Dans les zones rurales, la pénurie de médecins est déjà une réalité. Et notamment dans les régions est-allemandes où la rétribution des praticiens est relativement moins élevée que dans les régions plus riches de l’ouest du pays. Ainsi, le Brandebourg a la plus faible densité de médecins de toute l’Allemagne : 3700 pour une population de 2, 6 millions d’habitants. En 2003, la région a mis en place différentes mesures incitatives dont les retombées restent pour l’instant insuffisantes. A Niemek, la pénurie de médecins

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Dans la région du Brandenburg, les médecins prennent le large
Dans la région du Brandenburg, les médecins prennent le largeImage : Bilderbox

est devenue très palpable...

Aujourd’hui, comme n’importe quel jour de la semaine, le cabinet du docteur Gerlinde Wandel est plein à craquer. Tous les sièges de la salle d’attente sont occupés, et les derniers patients arrivés ... patientent debout.

Gerlinde Wandel reçoit en moyenne cent personnes par jour. Elle a adapté ses journées de travail en conséquence :

"Samedi et dimanche, je viens ici pour remplir des dossiers. Le dimanche j’arrive au cabinet à 9 heures, je rentre manger vers 11h et demi, je fais un peu de ménage.. en général je reviens travailler vers 5 heures du soir... jusqu’à 21 - 22heures... et là je me dis . « Demain la semaine reprend avec 12 – 14 heures de travail par jour ». Avant j’étais médecin chef dans une clinique, les horaires étaient aussi très lourds mais pas à ce point... Si c’était à refaire je ne suis pas sûre que je lâcherais le travail en clinique. "

Gerlinde Wandel est l’une des trois médecins de Niemegk, 2300 habitants. Jusqu’en septembre dernier, cette petite ville dans l’Ouest du Brandebourg jouissait d’une situation relativement enviable : quatre docteurs y exerçaient. Depuis l’un d’eux est parti à la retraite, un autre s’apprête à déménager. Gerlinde Wandel pourrait se réjouir de ce nouvel horizon. Eh bien non, toute profession libérale qu’elle est, davantage de concurrence ne lui déplairait pas :

"Ici il y a tous les équipements qu’il faut. Ca serait tout à fait logique qu’un autre médecin s’établisse ici. Je serais vraiment prête à partager le travail. Je ferais quand même des journées de 10 heures à mon avis... Mais ici et là j’aurais un dimanche libre, et ça, ce serait vraiment bien. "

Ce serait bien pour les habitants de Niemegk aussi. Au fur et à mesure que les médecins prennent le large, ils organisent pétition sur pétition.

... Pour leurs anciens surtout qui ne peuvent pas attendre des heures dans les salles d’attente, ou qui ne peuvent se déplacer en voiture jusqu’au village voisin :

"Mes parents ont 80 ans. Le médecin qui les soignait est parti à la retraite ... et maintenant il faut qu’ils se réadaptent à un nouveau. Dans les villages voisins, c’est la même chose. Cela devient dur pour notre région."

Alors pour calmer cette pénurie de blouses blanches, la région du Brandebourg verse une aide de 30.000 euros pour l’ouverture ou la reprise d’un cabinet médical. Elle garantit aussi pendant les deux premières années une partie du chiffre d’affaires. Ces mesures existent depuis 2003. Mais elles ne constituent pas l’antidote espéré. .. reconnaît Ralf Heere, porte-parole de l’association des médecins conventionnés du Brandebourg :

"L’incidence de ces mesures est resté faible. Peu de médecins ont choisi de s’établir dans le Brandebourg. Ça signifie qu’un versement ponctuel, au démarrage d’une activité par exemple, ne suffit pas. Le véritable remède, ce serait d’obtenir pour nos médecins une hausse générale de la rémunération des prestations médicales. "

Car les médecins sont rétribués selon le barème des associations professionnelles... associations régionalisées. Un médecin du Brandebourg dégage ainsi un bénéfice qui oscille entre 2500 et 3000 euros par mois. A prestation égale son collègue du Bade-Wurtemberg ou de la Bavière gagne 50% de plus. D’où les difficultés pour les régions fortement rurales et relativement pauvres de l’Est du pays à attirer les jeunes docteurs. La réforme du système de santé qui interviendra en 2009 devrait aplanir ces différences.

D’ici là Gerlinde Wandel va devoir tenir bon. Malgré la charge de travail, elle restera à Niemegk. Parce que le métier si particulier de médecin de campagne lui plaît, tout simplement :

"Quand une grand-mère vient ici avec sa petite-fille, je sais immédiatement que la petite-fille va avoir des problèmes de glande thyroïde. Que ça va avoir des conséquences sur le cœur, sur les reins. Parfois je soigne une famille sur quatre générations différentes. Et je pense que c’est plutôt un avantage pour les patients , parce qu’à la campagne ils n’ont pas besoin de courir voir un spécialiste pour un diagnostic. C’est quand même idéal !"

A Niemegk, en tout cas, cette idéal est quelque peu mis à mal.

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