L'avenir de la jeunesse africaine au centre du Sommet UE-UA

Le continent est en effet riche de son agriculture, de ses minerais, de sa main d’œuvre mais reste très en retard dans le secteur de la production industrielle. L’Afrique est aujourd’hui moins industrialisée qu’elle ne l’était il y a 40 ans. La contribution du secteur manufacturier à la croissance du PIB a en effet reculé, passant de 12% en 1980 à 11% en 2013, et cette part stagne depuis, selon la Commission économique pour l’Afrique des Nations unies (CEA). 

Cette faible industrialisation de l’Afrique est liée au manque de moyens des opérateurs économiques et surtout au manque de soutien de la part des gouvernants selon Aboubarcar Kanté, un industriel Guinéen venu participer au forum d’Abidjan:

"Ce qui fatigue tout le monde aujourd’hui, c’est où trouver l’argent pour acheter aux pays ce qu’ils produisent. Ceux qui font la richesse d’un pays ce sont les PME, ce ne sont pas les grands industriels qui viennent. Ils donnent des prébendes aux Etats mais après ils rapatrient tout. L’industrialisation n’est autre chose que la machine n’apporte ce qu’on lui a donné." 

L'industrialisation pour le développement du continent

Jamais les appels en faveur de l’industrialisation de l’Afrique ne se sont faits aussi pressants qu’aujourd’hui. C’est sans nul doute le sujet le plus débattu. C’est d’ailleurs pour cela que Fadel NDiamé, directeur général de l`Alliance pour une Révolution Verte en Afrique (AGRA), propose une nouvelle stratégie afin de résoudre la question de la jeunesse. Et cela passe par l’industrialisation:

"La plupart de nos pays ont une base agricole très prononcée. Mais jusqu’à présent, nous n’avons pas vraiment transformé l’agriculture de manière structurelle. Une grande partie du déficit en emplois peut être résorbé avec la transformation de l’agriculture. Evidemment l’agriculture est assez complexe. Il faut des financements appropriés, une base d’infrastructures, les produits agricoles doivent être mis en stock, transformés et transportés vers les marchés. La situation de la jeunesse interpelle tout le monde. Parce qu'à la fois pour l’Afrique c’est un enjeu de développement mais aussi pour l’Europe c’est un enjeu de sécurité. Donc c’est un exemple où l’Europe et l’Afrique ont intérêt à travailler main dans la main pour promouvoir des schémas partenariaux de développement gagnant-gagnant. Je pense que c’est ça l’intérêt du sommet" explique Fadel NDiamé.

Le secteur privé une "solution"

Pour l’ancien président du patronat ivoirien Jean Kacou Diagou, assureur et banquier, par ailleurs troisième employeur après l’Etat de côte d’ivoire, la solution aux problèmes du continent viendra du secteur privé:

 "Je souhaite que ce sommet se préoccupe essentiellement de l’économie et du secteur privé. Parce que si le secteur privé marche bien, si les entreprises sont fleurissantes, il y a la paix dans le pays. On veut que les jeunes n’aillent pas au djihad. Si on n’a pas d’emploi, on est tenté par des gens qui ont un peu d’argent qui peuvent vous donner de l’argent pour vous faire faire des choses qui ne sont pas bien. Donc le succès de l’Afrique passe par son développement économique et social."

Ce sommet Union européenne - Union africaine qui s’ouvre mercredi à Abidjan est très attendu par les africains, surtout en ce moment où la crise migratoire fait la une de tous les médias. 

Investir dans la jeunesse pour un avenir durable, tel est le thème de cette rencontre Afrique – Union Européenne. Cela passe par la formation et l’emploi des jeunes. En tout cas, les jeunes Africains attendent des actes concrets au sortir de ce sommet pour éviter d'en faire une simple rencontre de plus.