L’armée soudanaise prend le contrôle d’Abyei
22 mai 2011Alors que le Sud-Soudan s'apprête à prendre son indépendance le 9 juillet prochain suite au référendum d'autodétermination du mois de janvier, un nouveau conflit vient troubler la paix déjà fragile entre le Nord et le Sud.
La province d'Abyei, riche en pétrole, est convoitée par les deux parties du pays. Ces dernières semaines, les affrontements entre les Forces armées du Soudan fidèles à Khartoum et l'Armée de libération populaire du Soudan se sont multipliés dans la région. Samedi, avec une quinzaine de chars, l'armée soudanaise a pris le contrôle de la principale localité d'Abyei. A Khartoum, la télévision nationale a annoncé que « les forces ennemies » avaient été repoussées au sud. Selon l'agence de presse officielle Suna, le président Omar Hassan al Bachir a démis de leurs fonctions deux responsables de l'administration d'Abyei et a dissous le conseil d'administration mixte de la région, mis en place dans le cadre de l'accord de paix de 2005.
Le gouvernement prêt à négocier
Lors d'une conférence de presse dimanche, le ministre d'Etat à la présidence, Amin Hassan Omer, a déclaré que l'armée soudanaise contrôlait la plus grande partie de l'enclave d'Abyei. Selon lui, les troupes du Nord ont lancé leur offensive dans la région face à la présence d'éléments de l'armée sudiste qui tentaient de renforcer leur présence, ce qui allait à l'encontre de l'accord de paix et des termes du protocole d'Abyei. Le ministre d'Etat a fait savoir que le gouvernement était prêt à négocier pour régler le problème.
« Occupation illégale d'Abyei »
De son côté, le gouvernement du Sud-Soudan a dénoncé une « occupation illégale » d'Abyei. Pour Barnaba Marial Benjamin, ministre de l'Information, l'invasion de l'armée nordiste « viole tous les accords de paix et met en danger la vie de milliers de civils ». Le ministre a mis en garde contre un retour à la guerre civile. Il a souligné que le Sud-Soudan voulait pour sa part continuer à respecter l'accord de paix de 2005.
Condamnation de la communauté internationale
Face aux violences, plusieurs milliers de civils ont fui leurs habitations. Les Nations unis ont appelé à une « cessation immédiate des hostilités » dans la province d'Abyei. Les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne ont fermement condamné la prise d'Abyei par l'armée soudanaise. Washington a exigé le retrait des forces gouvernementales de la région. Paris a de son côté une « violation grave » de l'accord de paix.
Auteur : Aude Gensbittel avec AFP, Reuters
Edition : Moulay Abdel Aziz